Intervenons-nous

Les enseignants des écoles secondaires publiques de Bukavu haussent le ton après l’arrêté provincial n°25/039/GP/SK signé le 29 août 2025 par le Gouverneur Patrick Busu Bwa Ngwi, désigné par l’Alliance Fleuve Congo (AFC-M23). Ce texte fixe les frais scolaires pour l’année 2025-2026 et réduit de 90 % à 70 % la part des frais d’appui revenant aux enseignants. Ces derniers dénoncent une décision « injuste et illégale » et menacent de suspendre toutes les activités scolaires si la mesure n’est pas rapportée.

Dans un communiqué adressé au Directeur provincial de l’éducation et consulté ce vendredi 5 septembre 2025, les enseignants déclarent qu’ils refusent toute ponction sur les frais qui leur sont destinés. Ils rappellent que l’État congolais finance déjà le fonctionnement des services techniques concernés et estiment que cette décision aggrave leur précarité.

L’arrêté provincial signé par le Gouverneur M23 fixe les frais scolaires en tenant compte des réalités socio-économiques de chaque école et confirme la gratuité pour le cycle primaire. Pour le secondaire et le maternel, il introduit une nouvelle répartition : 70 % pour l’appui aux besoins des enseignants, 10 % pour le fonctionnement de l’établissement et 20 % pour d’autres affectations réglementées par des mesures d’application.

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Selon des enseignants de l’Institut Père Antonino Manzotti et de l’Institut Avenir, cette ponction réduit considérablement leurs revenus, déjà jugés insuffisants pour subvenir à leurs besoins. Certains enseignants préviennent qu’ils pourraient abandonner leurs postes ou travailler dans des conditions encore plus difficiles si la mesure est appliquée.

« Nous nous réservons le droit légitime de suspendre toutes les activités scolaires et ne reprendrons les cours que lorsque cette mesure sera annulée », disent les enseignants.

Le corps enseignant de l’Institut Cahi va plus loin en affirmant que cette décision risque de provoquer une crise éducative dans la ville si rien n’est fait rapidement.

Tout en exprimant leur disponibilité pour un dialogue constructif, les enseignants appellent le Gouverneur et le Directeur provincial de l’éducation à reconsidérer la mesure pour préserver la stabilité du secteur éducatif et éviter que les élèves ne soient les premières victimes de ce conflit.

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Cet arrêté s’inscrit dans un contexte de crise sécuritaire et politique à l’Est de la RDC, où l’AFC-M23, qui contrôle Bukavu depuis février 2025, tente de consolider son autorité sur les institutions provinciales. La question des frais scolaires, déjà sensible dans un contexte de pauvreté généralisée, pourrait devenir un nouveau foyer de tension entre la population et les autorités de fait.

Divine Busime

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