Réunis du 14 au 15 octobre à Nairobi, au Kenya, des Forces politiques et sociales de la République démocratique du Congo ont adopté plusieurs résolutions marquant la naissance d’une nouvelle plateforme d’opposition, le « Mouvement Sauvons la RDC », et la condamnation de la peine de mort infligée à l’ancien président Joseph Kabila Kabange par la Haute Cour militaire.
Dans leur résolution n°001, les participants au conclave ont rejeté l’arrêt de la Haute Cour militaire ayant condamné à mort le président honoraire de la RDC, Joseph Kabila Kabange.
Ils ont qualifié ce verdict d’« inique et contraire au principe universel d’un procès équitable », dénonçant une procédure irrégulière dans la levée de ses immunités par l’Auditorat général et le Sénat.
Les signataires considèrent cette décision nulle et de nul effet, estimant qu’elle viole la Constitution, la loi sur le statut des anciens chefs d’État et les engagements internationaux de la RDC en matière d’abolition de la peine de mort.
À travers la résolution n°002, le conclave a décidé de créer une plateforme politique et sociale dénommée « Mouvement Sauvons la RDC », en sigle « Sauvons la RDC ».
Ce cadre inclusif se veut un mécanisme permanent de concertation et d’action commune des forces politiques et sociales de la RDC pour « mettre fin à la dictature et promouvoir la démocratie et le bien-être du peuple congolais ».
La plateforme tiendra ses réunions ordinaires trimestrielles, et des sessions extraordinaires chaque fois que nécessaire, sous la coordination d’un président élu.
Dans la résolution n°003, les participants ont lancé un appel solennel à Joseph Kabila Kabange afin qu’il assure le leadership du “Mouvement Sauvons la RDC” et supervise la mise en œuvre de son agenda « jusqu’à la libération complète du pays du joug de la dictature ».
La résolution n°004 a adopté une feuille de route politique basée sur les 12 priorités proposées par Joseph Kabila dans son adresse à la Nation du 23 mai 2025, notamment celle appelant à mettre fin à la dictature et à redéployer les partis politiques sur le terrain afin de renforcer la mobilisation populaire.
La déclaration finale du conclave, tenue sous la présidence de Joseph Kabila, dresse un diagnostic sévère de la situation du pays.
Les participants décrivent une crise profonde, multidimensionnelle et persistante, touchant les sphères politique, sécuritaire, économique, sociale et morale.
Ils pointent notamment :
- la double crise de légitimité et de légalité du pouvoir actuel,
- la forfaiture électorale de 2023,
- la volonté de réviser la Constitution,
- l’absence de dialogue inclusif,
- la mauvaise gouvernance économique,
- et la détérioration des conditions sociales marquées par la pauvreté, le chômage et l’accès limité aux services de base.
Les participants estiment que l’actuel président Félix Tshisekedi Tshilombo a montré son incapacité à piloter une politique publique efficace, accusant son régime d’incompétence et d’irresponsabilité.
Face à ce constat, le conclave recommande :
- La tenue d’un dialogue inclusif, sincère et sans sujet tabou, soutenu par la CENCO et l’ECC, pour résoudre la crise politique.
- Le retrait de toutes les troupes étrangères et des mercenaires du territoire national.
- La libération des détenus politiques et sociaux.
- La lutte contre la corruption et le détournement des fonds publics.
- Le lancement d’une offensive diplomatique pour alerter les partenaires africains et internationaux sur la situation du pays.
- La mobilisation du peuple congolais autour du mot d’ordre : « Sauvons la RDC » — décliné en plusieurs langues nationales : « Tobikisa Ekolo », « Tuokowe Taifa », « Tupandishayi Ditunga » et « Beto Mvulusa Nsi ».
Enfin, les participants au conclave invitent le peuple congolais à l’unité et à la résistance pacifique face à ce qu’ils qualifient de dérive autoritaire. « De chaque coin et recoin du Congo, unissons-nous et posons chaque jour des actions pour sauver la RDC. Chaque geste compte et comptera pour la victoire et pour la dignité », indique la déclaration finale signée à Nairobi le 15 octobre 2025.
Les résolutions ont été signées notamment par Matata Ponyo Mapon, Raymond Tshibanda, André-Claudel Lubaya, Seth Kikuni, Michel Mwika Banza, Tharcisse Loseke, Franck Diongo, Théophile Mbemba, Albert Mukulubundu, Jean-Claude Vuemba, Filia Tshipasa Kahindo et Bienvenu Matumo, représentant diverses formations politiques et mouvements sociaux.
Jean-Luc M.