« Je suis Tutsi Munyamulenge de Minembwe » C’est par ce titre que Josué Boji, ancien Directeur de Cabinet du ministre provincial de l’intérieur au Sud-Kivu a, dans un point de vue exprimé sa désapprobation face à la situation sécuritaire dans les Hauts Plateaux de Fizi, Uvira et Mwenga (Itombwe).
En clair, il pense que rien ne justifie ce qui se passe dans cette région. Ci-dessous, Laprunellerdc.info vous propose en intégralité son point de vue.
« Je suis Tutsi Munyamulenge de Minembwe
Ce que je crois
Bonjour à tous
Je sous-titre ainsi cette affirmation de mon engagement citoyen en souvenir du grand éditorialiste de Jeune Afrique, Bechir Ben Ahmed, dont les écrits engagés ont enrichi ma réflexion dans ma jeunesse, fervent que j’étais de la revue Jeune Afrique.
Devant les grands défis qui se posent à notre pays on ne peut rester silencieux, indifférent, ni pire : être acteur actif de la désagrégation de notre pays.
Un intellectuel, est un être qui use de son intelligence, de ses connaissances pour influer sur la société ; un intellectuel engagé est celui qui y ajoute le cœur.
Dans ce paysage congolais où nos intellectuels nous plongent dans le désarroi, je me définis simplement comme un homme engagé.
Je suis un homme engagé pour un monde plus juste, plus humain, en faveur de ceux qui souffrent, qui meurent pour simplement satisfaire l’appétit de puissance, d’hégémonie de certains sur les autres.
Nous tous, qui vivons dans cette République Démocratique et qui rêvons de démocratie, nous sommes tous redevables à la France. En effet, ces femmes, ces enfants, ces miséreux qui ont pris d’assaut la bastille le 18 juillet 1789, et dont nombreux sont tombés sous les balles des artilleurs, ont versé leur sang au slogan de : liberté, égalité et fraternité, aujourd’hui devise de la France libre et nous leur sommes redevables.
En effet, des hommes de cœur de tout horizon et origine se sont levés contre le racisme, contre l’esclavage, contre l’antisémitisme, contre la xénophobie, contre le nationalisme primaire qui a produit le nazisme et leurs corollaires tel que le Front National de LePen…, car malheureusement nombreux sont ceux qui au langage du cœur préfèrent celui de la haine de l’autre, de celui qui est différent de vous par la couleur de la peau, de la morphologie, des opinions ou de la culture, de la foi, des croyances et j’en passe…
L’histoire est heureusement peuplé d’hommes simples, des citoyens quelconques au départ mais qui ont contribué à rendre notre monde plus humain, en réagissant contre les dérives totalitaires de leurs contemporains aveuglés et enfermés dans la prison du rejet de l’autre, parfois au prix de leur vie, en se levant, guidés uniquement par cette soif de justice, d’égalité, de fraternité bref d’humanité.
De ces hommes, nombreux sont restés des simples inconnus, ignorés du grand public, d’autres sont entrés au panthéon de l’histoire. Ainsi les Victor Schoelcher, Olympe de Gouges, Victor Hugo, André Malraux, Jean Paul Sartre, George Sand, Simone Veils, Emile Zola, capitaine Aflred Dreyfus…
J’ai délibérément choisi des français, majoritairement allochtones, qui ont irrémédiablement marqué la France, cette terre des Gaulois qui est aujourd’hui un symbole de la richesse de cette civilisation multiraciale et multiculturelle qui fait son charme, sa beauté et dont la lumière rayonne sur toute l’humanité ; dans ces débats vains entre autochtones et allochtones, entre tutsis et bantous congolais, l’idéal universel de liberté, de justice, d’égalité et de fraternité rend grotesque les revendications des uns et des autres face à la souffrance, aux meurtres assassinats, viols, pillages… et les nombreux crimes immondes contre des populations civiles innocentes qui en découlent, mais qui me poussent cependant à affirmer en face de mes frères Babembe, Bafuliru, Barega, Bashi, mais aussi Baluba, Bangala, Bakongo et toutes ces tribus qui peuplent mon pays la RD Congo que je suis tutsi Munyamulenge de Minembwe.
Il est temps de reprendre nos esprits et que les hommes engagés, les hommes de cœurs, s’unissent pour mettre un terme à cette tragédie, en appelant les uns et les autres à fumer le calumet de la paix et à dialoguer plutôt qu’à tuer comme voie pour mettre un terme aux dissensions qui brûlent ce coin de notre pays, autrefois un havre de paix doté par la nature d’une beauté froide et austère. Aujourd’hui dans les hauteurs reculées de Minembwe, se joue un des épisodes tragiques et douloureux de la tragédie des stéréotypes et replis identitaires qui minent la paix dans la région des Grands Lacs.
Josué Boji«