La constitution de la République reconnaît la liberté d’expression, de pensée et/ou de religion. Le rôle des opposants est également reconnu alors que l’activisme n’est pas une infraction.
Son article 23 stipule : « Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit implique la liberté d’exprimer ses opinions ou ses convictions, notamment par la parole, l’écrit et l’image, sous réserve du respect de la loi, de l’ordre public et des bonnes mœurs ».
Pourtant, en RDC, plusieurs voix discordantes sont toujours inquiétées, traquées et même mises en prison. Au cours de ces trois derniers mois, plusieurs Gouverneurs des provinces ont, soit menacé, arrêté ou réussi à faire condamner des opposants, activistes pro-démocratie, les accusant d’ « outrage au Gouverneur ». Ce sont essentiellement des Gouverneurs issus du Front Commun pour le Congo, de l’ancien Président Joseph Kabila. Laprunellerdc.info revient sur trois d’entre eux.
Théo Ngwabidje, au Sud-Kivu
En Province du Sud-Kivu, le Porte-parole du Parti Congolais pour le Progrès (PCP) et farouche opposant de l’actuel Gouverneur Théo Ngwabidje Kasi est en prison depuis le 4 avril dernier.
Avocat de profession, l’opposant a été arrêté alors qu’il se rendait dans une émission sur une chaîne de radio de Bukavu, sans aucun respect de la procédure, selon le barreau du Haut-Uele où il est inscrit.
Il est connu depuis l’investiture du gouvernement Ngwabidje comme une voix critique contre l’action gouvernementale.
Dans une dépêche, la Cellule de Communication du Gouverneur Ngwabidje, avait accusé le porte-parole provincial du Parti Congolais pour le Progrès, de «désacraliser la fonction du Gouverneur ».
Dans un message publié sur les réseaux sociaux par la cellule de communication du gouverneur Théo Ngwabije après son arrestation, celle-ci avait écrit qu’«un insulteur public numéro un» avait été rattrapé par la justice. Certainement qu’elle se plaisait de la situation.
Dans la prison Centrale de Bukavu où il est toujours détenu, on lui dira qu’il est poursuivi pour « outrage au Gouverneur ».
Par ailleurs, toutes les voix discordantes sont soit insultées ou humiliées par des membres de sa Cellule de Communication à travers les réseaux sociaux.
Dieudonné Boloko de l’Equateur
En Equateur c’est un militant pro-démocratie qui a plus de 100 jours depuis qu’il a été placé en détention sur ordre du Gouverneur, Dieudonné Boloko.
Joseph Lokondo était arrêté le 20 janvier alors qu’il sortait d’une tribune d’expression populaire sur les élections locales. Il était l’initiateur de la campagne « Equateur mérite mieux » et dénonçait la « megestion » de l’autorité provinciale.
Le 27 mars, il a été déclaré coupable « d’outrage au membre du gouvernement » et d’imputation dommageable. Il a été condamné à 13 mois de prison. Une arrestation condamnée par Human Rights Watch.
Auguy Musafiri du Maniema
Au Maniema c’est le président de la Société civile qui est poursuivi par le Gouverneur de province Auguy Musafiri. L’auteur de la pétition voulant la destitution du Gouverneur avait annoncé subir des menaces et craindre pour sa sécurité.
Dans cette pétition, il avait mis plusieurs griefs à charge de l’autorité provinciale du Maniema.
Des poursuites judiciaires sont amorcées contre Stéphane Kamundala par le chef de l’exécutif provincial qui l’accuse d’ « outrage au Gouverneur ».
Bien avant, il avait même décidé d’interdire toute activité de la Société Civile dirigée par Kamundala dans le Maniema.
Du déjà vu
Ces poursuites et arrestations sont sans rappeler la situation que venait de traverser des opposants et des activistes de la Société Civile sous l’ancien régime dirigé par le Président Joseph Kabila.
Des manifestations des activistes et autres opposants contre le maintien au pouvoir du Président Kabila après la fin de son deuxième et dernier mandat étaient systématiquement réprimées. D’autres se sont retrouvés en prison pour des motifs similaires.
On constate que le même comportement surgit avec Ces Gouverneurs du Front Commun pour le Congo qui, visiblement, n’arrivent pas toujours à comprendre que la démocratie vie de la contradiction.
Thomas Uzima