Le maire de Bukavu, Chef-lieu de la Province du Sud-Kivu à l’Est de la République Démocratique du Congo a interdit la tenue d’une manifestation prévue ce vendredi 14 février 2020 pour déposer une pétition demandant son départ de la mairie. Une pétition initiée par la Société Civile de Kadutu et qui a déjà récolté plusieurs centaines de signatures.
Dans une correspondance adressée au Président de la Société Civile de Kadutu, Bilubi Ulengabo Méschac explique qu’il ne peut pas autoriser cette manifestation parce que trois autres marches sont prévues ce jour avec le même itinéraire.
« En réponse à votre lettre du 11 février 2020 relative à l’objet repris en marge, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance que la marche prévue pour ce vendredi 14 février 2020 suivant votre itinéraire est interdite pour la simple raison qu’elle coïncide avec trois autres marches organisées au même moment, à la même heure et pour le même itinéraire » écrit Bilubi Ulengabo.
Dans la foulée, l’autorité urbaine demande au Commandant du Commissariat Urbain de la Police Nationale Congolaise de Bukavu de prendre dispositions nécessaires « pour empêcher cette marche ».
Bilubi explique également dans un communiqué que cette mesure vise à éviter des incidents avec d’autres associations qui devaient aussi manifester pour soutenir cette fois ses actions. En effet, il s’agit d’un certain « Caucus des structures de soutien aux actions du maire Bilubi » et celle de « Jeunesse Unie pour le Changement ».
Des associations fantômes constituées des jeunes de la communauté du maire
Cette décision de Méschac Bilubi Ulengabo n’étonne personne dans le milieu socio-politique de la Province.
En effet, explique des membres de la Société Civile du Sud-Kivu, Bilubi Ulengabo utilise ces jeunes essentiellement de sa communauté tribale pour faire pression à chaque fois qu’il se sent menacé par des actions demandant son remplacement.
Plusieurs signataires de ces correspondances du « Caucus des structures de soutien aux actions du maire Bilubi » et celle de « Jeunesse Unie pour le Changement » avaient déjà signé sur des déclarations de la Communauté Bembe.
« La tactique a changé parce que le maire évite qu’on le considère comme quelqu’un usant de la fibre tribale pour cacher son incompétence. C’est pourquoi des structures comme celles-là ont été mises sur pieds » se désole un acteur politique du PPRD, le parti du maire qui dit soutenir « parfaitement » les revendications de la Société Civile.
A la mairie on se défend d’avoir utilisé cette fibre pour se maintenir au poste. Une source retoque qu’il s’agit bel et bien des associations. « Quelques soient ce qu’on tente de dire. Il faut juste dire que cette manifestation n’aura pas lieu et le maire a déjà tranché » répond une source contactée par Laprunellerdc.info.
Il faut dire que ce n’est pas la première fois que pareilles allégations sont faites contre l’autorité urbaine de Bukavu et plusieurs autres responsables politiques et sociaux. Au Sud-Kivu, plusieurs qui sont accusés se rabattent sur leurs communautés pour justifier une prétendue « chasse à l’homme ».
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En attendant, les organisateurs promettent de manifester « quoi qu’il en soit » mais le maire lui, a déjà réquisitionné la Police pour que cette action ne se tienne pas. La suite des événements nous en dira davantage.
Jean-Luc M.