Depuis cinq jours, l’épine dorsale économique de l’Ituri est rompue. L’axe vital reliant Bunia à Kasenyi — et, au-delà, la province à l’Ouganda — est totalement paralysé après l’effondrement du pont Mbogu, situé à seulement cinq kilomètres de la ville. Fragilisé depuis des mois, l’ouvrage a fini par céder sous la pression du trafic lourd, coupant net l’approvisionnement en denrées essentielles dans une large partie de la région.
Des scènes de désolation s’étendent désormais de part et d’autre de la rivière : des centaines de véhicules chargés de marchandises immobilisés, transformant la route en un gigantesque parking à ciel ouvert.
L’alerte lancée ce samedi 22 novembre par les opérateurs économiques est alarmante. Des produits vivriers importés — pommes de terre, tomates, bananes, oignons — pourrissent à vue d’œil sous la chaleur. Une situation qui menace la sécurité alimentaire, tout en provoquant des pertes financières massives pour les commerçants.
Le secteur de la construction est lui aussi frappé de plein fouet. Des dizaines de camions transportant du sable, gravier et moellons sont bloqués, empêchant l’acheminement des matériaux vers les chantiers du Mont Bleu. Résultat : des travaux à l’arrêt, une main-d’œuvre privée de revenus et un lourd ralentissement du développement local.
Pour contourner la rupture, certains commerçants tentent l’impossible : décharger leur cargaison pour la faire transporter par motards. Mais cette solution improvisée est risquée, coûteuse et loin d’être viable. Même pour les motos, la traversée de la rivière est périlleuse, illustrant l’ampleur du blocage et la détresse des opérateurs économiques.
Un appel pressant aux autorités
Face à ce désastre économique et social, commerçants et transporteurs lancent un appel urgent aux autorités : la réhabilitation du pont Mbogu doit être immédiate. Il en va de la survie de milliers de ménages qui dépendent de cet axe pour se nourrir, travailler et commercer.
L’effondrement du pont met également en lumière l’état critique de nombreux ouvrages sur cette route stratégique. Les acteurs économiques exigent désormais que le gouvernement s’engage dans une réhabilitation structurelle et durable de tous les ponts défectueux.
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Plus qu’un simple incident routier, l’interruption du tronçon Bunia–Kasenyi est devenue une urgence nationale. Une réponse rapide et des investissements durables s’imposent pour garantir la continuité des échanges et préserver la vie économique de l’Ituri.

