Le système éducatif de l’Ituri fait face à une crise sans précédent : plus de 500 enseignants ont quitté les écoles publiques de la province éducationnelle Ituri 1 depuis la rentrée 2025-2026, aggravant un déficit déjà observé l’année précédente avec le départ documenté de 38 enseignants dans la seule sous-division de Mambasa II. Cet exode massif, confirmé par plusieurs autorités scolaires, menace la continuité des apprentissages dans les territoires de Bunia, Irumu, Mambasa et Djugu, où des dizaines de classes sont désormais dépourvues de personnel.
L’Inspecteur Principal Provincial, Yvon Abwasi, a révélé ce jeudi 20 novembre 2025 que plus de 500 postes d’enseignants sont actuellement vacants dans les écoles publiques d’Ituri 1. Cette annonce a été faite en marge du concours de recrutement exceptionnel organisé pour tenter de combler ces absences.
Selon lui, cette hémorragie est directement liée à l’attractivité des filières économiques locales :
- exploitation aurifère artisanale,
- essor fulgurant de la production de cacao,
- et reprise d’études universitaires ou supérieures par un nombre significatif d’enseignants.
« L’absence de ces centaines de professionnels crée un vide important dans les écoles publiques, mettant en danger la qualité et la continuité des enseignements », a alerté Yvon Abwasi.
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Cette situation n’est pas nouvelle. Dans la sous-division éducationnelle Mambasa II, le Sous-Proved Michel Nesapongo Ipunio avait déjà confirmé à La Prunelle RDC, le 26 septembre 2025, l’abandon de 38 enseignants depuis la rentrée 2024-2025.
Ces derniers, tous payés par mobile money, sont partis « avec leurs cartes SIM », rendant impossible la mise à jour de leurs dossiers et compliquant tout remplacement.
« Cela fragilise fortement les écoles », avait-il déploré.
Il avait appelé la société Trust Investissement Développement (TID), chargée de la paie des enseignants, à mettre à jour les fichiers afin d’autoriser le recrutement de nouveaux enseignants.
À Mambasa comme ailleurs en Ituri, la culture du cacao attire de plus en plus d’enseignants* en quête de revenus plus stables.
Cette activité, considérée comme rentable par une partie de la population, suscite aussi des inquiétudes sécuritaires.
Des sources rapportent que certains individus se feraient passer pour des rebelles ADF afin de voler du cacao, dont le kilogramme se négocie actuellement à 6 dollars, alimentant un climat d’insécurité croissante dans les territoires de Mambasa et Irumu.
Pour de nombreux observateurs, cette fuite de la main-d’œuvre qualifiée illustre le désespoir grandissant des enseignants, confrontés à des salaires faibles, des retards de paiement et des conditions précaires.
L’organisation régulière de concours de recrutement peut, selon les autorités, limiter les dégâts, mais elle ne constitue qu’une solution palliative.
Le véritable enjeu, selon Yvon Abwasi, est de revaloriser la profession afin que « former la jeunesse redevienne une vocation durable, et non plus un métier que l’on quitte pour survivre ».

