Un militaire des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) s’est donné la mort par pendaison le dimanche 16 novembre 2025 à Luvungi, dans la ville d’Uvira. Le drame s’est produit aux environs de 16 heures 30, alors que le militaire était seul à son domicile. Son épouse, une petite commerçante, se trouvait au marché du village voisin de Lubarika pour ses activités quotidiennes.
La victime, Asumani, âgée de 42 ans, aurait mis fin à ses jours suite à une rupture sentimentale avec une jeune femme qu’il entretenait financièrement. Selon une source proche de la famille, « il l’aimait beaucoup et lui donnait son salaire pour subvenir à ses besoins. Quand elle a mis fin à leur relation, il n’a pas supporté et son cœur a lâché ».
Les enquêtes sont en cours pour déterminer les circonstances exactes du suicide.
Ce drame s’inscrit dans un contexte plus large de fragilité psychologique dans le Sud-Kivu. Selon la Division provinciale de la santé (DPS), 118.379 cas de maladies mentales ont été enregistrés au premier semestre 2025 dans la province. Parmi eux, les troubles de stress post-traumatique représentent 9,2 % des cas, la dépression 5,2 %, la toxicomanie 2 %, et les suicides comptent déjà 93 cas.
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Depuis février 2025, la province fait face à une augmentation des traumatismes liés aux conflits, et les consultations en santé mentale ont triplé dans certains mois, atteignant près de 4.865 cas en juillet, souligne le docteur Michel Maneno, chef de division intérimaire à la DPS.
« Parler de santé mentale, c’est aussi parler de paix. La paix ne se résume pas à l’absence de conflits, mais à la création d’un environnement où chacun peut s’épanouir, retrouver sa dignité, sa force morale et son équilibre émotionnel », précise-t-il. Le docteur Maneno rappelle que ces blessures, souvent invisibles, freinent la réconciliation, la confiance et le développement.
Face à cette recrudescence de suicides et de troubles mentaux, plusieurs acteurs locaux appellent à un soutien psychologique accru et à une sensibilisation de la population sur la santé mentale. Le pape Léon XIV, par exemple, a lancé une campagne en novembre pour prier et accompagner les personnes en détresse, afin de leur redonner goût à la vie et à l’espoir.
Le cas de Asumani met ainsi en lumière la nécessité d’un accompagnement psychosocial renforcé pour les militaires et la population, afin de prévenir de nouvelles tragédies.
Sylvie Bahati

