Intervenons-nous

Alors que la crise s’intensifie à l’Est de la République Démocratique du Congo, une autre crise, moins visible mais tout aussi dramatique, frappe de plein fouet les jeunes entrepreneurs. Entre violence, fermeture des banques, rupture des chaînes d’approvisionnement et perte de capital, cette jeunesse qui portait les espoirs du développement local se retrouve aujourd’hui au bord du gouffre.

La Nouvelle Dynamique de la Société Civile (NDSCI) alerte sur une situation qui évolue désormais en crise humanitaire, touchant des milliers de jeunes de Bukavu qui tentaient de construire leur avenir dans un environnement déjà fragile.

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Une économie paralysée, des rêves fauchés

Dans les quartiers périphériques de Bukavu, les ateliers artisanaux, les boutiques et les petites entreprises ont fermé les unes après les autres. L’insécurité sur les routes, les attaques armées et la fermeture temporaire de certaines banques ont rendu presque impossible toute activité économique.

Les jeunes entrepreneurs paient le prix fort. David, 24 ans, réparateur de téléphones à Bukavu, raconte comment son atelier a été dévalisé lors d’une attaque nocturne : « Ils ont cassé les vitres, pris les appareils, les cartes mères, même le tournevis principal. Le lendemain, il ne restait rien. Sans outils, je ne suis plus rien ».

Comme lui, plusieurs jeunes artisans ont perdu leur capital, parfois constitué au prix de plusieurs années d’économies.

Femmes entrepreneures : double peine entre insécurité et survie

À Kavumu, Clarisse, 27 ans, tenait un petit commerce de vivres. Aujourd’hui, elle travaille « avec la peur dans la gorge.

« On n’est jamais sûres de revenir vivantes de l’approvisionnement. Mais si je reste à la maison, mes enfants ne mangent pas. »

Les femmes entrepreneures sont particulièrement exposées : agressions sur les routes, harcèlements, perte de marchandises et absence de soutien financier.

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Un effondrement économique aux conséquences humanitaires

La fermeture de certaines entreprises comme la Bralima, combinée à la suspension de services bancaires dans plusieurs zones, a plongé des centaines de jeunes dans le chômage et la misère.

Selon la NDSCI, cet effondrement économique entraîne : une forte hausse de la vulnérabilité financière des ménages jeunes, une augmentation du risque d’enrôlement dans les groupes armés, une montée des violences domestiques dues à la pression économique, des traumatismes psychologiques non pris en charge, et une baisse drastique de la sécurité alimentaire.

Face à cette crise profonde, la NDSCI plaide pour une intervention urgente des autorités et des partenaires internationaux.

Elle recommande la Sécurisation des zones d’activités économiques : marchés, routes, ateliers, centres urbains, le rétablissement de l’accès au financement : réouverture des banques, micro-crédits pour jeunes, subventions post-crise, l’Appui psychosocial, les programmes de renforcement des compétences et d’appui à la relance économique.

 « Tant que les armes continueront de raisonner, cette jeunesse restera condamnée à l’instabilité, à la pauvreté et à la peur. Le retour de la paix n’est pas un souhait : c’est une urgence vitale », dit Maître Wilfried Habamungu, porte-parole de la NDSCI.

Sans sécurité, les jeunes ne peuvent ni entreprendre, ni travailler, ni espérer sortir de la vulnérabilité dans laquelle la guerre les a plongés.

Article produit dans le cadre du projet « Habari za Mahali ». Un projet du consortium RATECO, REMEL avec le soutien de Media4Dialogue de LaBenévolencja.

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