Intervenons-nous

La commune d’Ibanda, à Bukavu, a lancé une opération contre la vente et la consommation de boissons fortement alcoolisées, communément appelées « Sapilo ». Ce lundi 10 novembre 2025, le bourgmestre intérimaire, Eugène Mubalama Birhumana, nommé par le groupe armé AFC-M23, a procédé à la confiscation de deux sacs et un carton de ces produits sur l’avenue Saio 2, quartier Ndendere.

Selon la cellule de communication de la commune, cette intervention vise à protéger la jeunesse et la santé publique, dénonçant ces boissons comme un « poison lent » pour les jeunes.

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« Ces boissons tuent notre avenir. Une jeunesse abrutie par l’alcool n’a pas de place dans le projet de société porté par l’AFC-M23. Nous voulons une jeunesse éduquée, forte et productive », a déclaré le bourgmestre. Il a précisé que la consommation et la commercialisation de ces produits constitueront désormais des infractions graves, et a averti que tout récidiviste sera arrêté et sévèrement sanctionné.

La vendeuse interpellée a été sommée de sensibiliser les autres commerçants de son quartier à cesser cette activité. Les produits saisis ont été remis aux services de sécurité pour destruction, conformément aux dispositions prévues.

Pour plusieurs résidents, cette opération ressemble à des initiatives répétitives menées par les gouverneurs et bourgmestres précédents sans traiter le véritable problème. Selon eux, les boissons sont souvent fabriquées localement ou importées de Goma, mais les autorités se concentrent sur les petits vendeurs, ignorant les producteurs et distributeurs principaux.

« Des parents nourrissent et paient les soins de santé de leurs enfants grâce à ce commerce. Pourquoi les autorités cherchent-elles à réduire à néant leurs économies sans proposer d’alternatives d’emploi aux vendeurs et vendeuses ? », s’interroge un habitant sous anonymat.

Il déplore également l’inefficacité des mesures, rappelant que des publicités pour ces boissons fleurissent le long des routes principales, mais que les autorités restent inactives face aux producteurs et distributeurs majeurs.

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Pour cet habitant, une meilleure approche consisterait à dialoguer avec les sociétés productrices, les détaillants et les consommateurs, avant toute confiscation, afin de garantir à la fois la santé publique et la survie économique des petits commerçants.

Séraphin Mapenzi

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