Intervenons-nous

    À l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, célébrée chaque 17 octobre, l’organisation Agir Tous pour la Dignité (ATD) Quart Monde a réaffirmé son engagement à lutter contre la pauvreté en République démocratique du Congo. Selon elle, la misère n’est pas une fatalité, mais bien une violation des droits humains fondamentaux, qui appelle à la solidarité et à l’action collective.

    Le Délégué national d’ATD Quart Monde en RDC, Obedi Arsène Aganze, insiste : « Ceux qui luttent contre la misère sont d’abord ceux qui la vivent. »

    Dans un pays classé parmi les plus pauvres du monde, il appelle à impliquer directement les communautés concernées dans l’élaboration des solutions, en reconnaissant leur savoir et leur expérience.

    « Les jeunes doivent porter la voix des plus vulnérables auprès des décideurs, en défendant des politiques publiques qui tiennent compte des besoins et des propositions des personnes vivant la pauvreté », souligne-t-il.

    Lire aussi : Journée Mondiale du refus de la misère : donnons la parole aux plus démunis !

    Il estime que les rencontres entre jeunes, familles, autorités et acteurs locaux peuvent déboucher sur des initiatives collectives et durables, fondées sur la justice et la solidarité.

    Dans sa mission, ATD Quart Monde ne considère pas les personnes pauvres comme de simples bénéficiaires, mais comme de véritables partenaires de changement.
    Ses initiatives touchent plusieurs catégories :

    • Les familles solidaires, qui s’entraident face aux injustices ;
    • Les jeunes dynamiques, porteurs d’initiatives et d’espoir ;
    • Les enfants Tapori et ceux de la Bibliothèque de rue, qui cultivent le savoir et la dignité ;
    • Et la communauté, à travers des actions telles que le Salongo, le reboisement ou les activités de solidarité.

    Mais la lutte contre la misère se heurte à de nombreux défis. Selon Obedi Arsène, l’exclusion des personnes en situation de pauvreté des espaces décisionnels reste une barrière majeure.

    « Cette marginalisation empêche une représentation équitable de leurs besoins et freine l’élaboration de politiques inclusives », regrette-t-il.

    À cela s’ajoutent les aléas climatiques, la dégradation de l’environnement, les conflits armés, les violences communautaires et l’instabilité politique, qui aggravent la précarité des familles.

    « Quand l’environnement n’est pas protégé, c’est tout le tissu social qui s’effondre, et les familles déjà pauvres sont les premières touchées », alerte-t-il.

    L’accès limité à des soins de santé de qualité reste un autre frein.

    « Certaines personnes n’ont pas les moyens de payer les frais liés à des maladies graves, même si notre commission santé assure un premier accompagnement », explique-t-il.

    Pour surmonter ces défis, ATD Quart Monde mise sur le dialogue à égalité entre décideurs, professionnels et familles pauvres.
    Ses principales actions comprennent :

    • Des conférences universitaires et projets communautaires ;
    • Les Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC) ;
    • Le reboisement et l’adhésion à la mutuelle de santé ;
    • L’accompagnement des enfants et des jeunes à travers des initiatives de solidarité.

    L’organisation rappelle au Gouvernement congolais sa responsabilité de renforcer l’engagement national contre la pauvreté, surtout dans un pays « parmi les plus pauvres du monde ».

    Elle plaide pour que les familles vivant la misère soient écoutées, reconnues et valorisées, car « elles ont leur place là où se prennent les décisions sur l’avenir du pays ».

    Lire aussi : Journée mondiale de l’Enfance : ATD Quart Monde met le projecteur sur les droits de l’enfant

    Au Sud-Kivu, ATD a lancé la campagne mondiale des jeunes, une initiative visant à mobiliser la jeunesse autour de la lutte contre la pauvreté.

    « Il est crucial de faire émerger des projets concrets fondés sur la solidarité, la créativité et l’engagement citoyen, afin que les jeunes deviennent des acteurs du changement », encourage Obedi Arsène.

    Dans un contexte marqué par la guerre dans l’Est de la RDC, ATD souligne que la misère est aggravée par les violences et les déplacements.

    « C’est un moment fort pour sensibiliser les belligérants à l’urgence de la paix, afin que chacun puisse vivre dans la dignité », plaide l’organisation.

    Pour ATD Quart Monde, le 17 octobre n’est pas qu’une date symbolique, mais un rappel annuel des droits fondamentaux : éducation, santé, nourriture, logement décent.

    « La misère n’est pas une fatalité, c’est une œuvre humaine, et elle peut être éradiquée comme l’ont été l’esclavage et l’apartheid », conclut-elle.

    Fondé en 1957 par Joseph Wresinski, le mouvement ATD Quart Monde rassemble des femmes et des hommes de toutes origines dans plus de 30 pays à travers le monde.

    ONG sans affiliation politique ni religieuse, ATD vise à mettre fin à l’extrême pauvreté et à l’exclusion en associant les personnes qui la subissent.

    Présente en RDC depuis 1997, l’organisation s’engage auprès des familles en grande pauvreté, des enfants Tapori et des jeunes, à travers des actions culturelles, sociales et environnementales fondées sur la dignité et la justice pour tous.

    Séraphin Mapenzi

    Share.
    Leave A Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.