En pleine crise sécuritaire à l’Est de la République démocratique du Congo, les enseignants des territoires de Kabare, Kalehe et Walungu font face à d’énormes difficultés financières et matérielles. Ils l’ont exprimé à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants, célébrée chaque année le 5 octobre, sous le thème : « Repenser l’enseignement comme une profession collaborative ».
Dans le territoire de Kalehe, le directeur de l’École primaire Nuru, Anicet Muganzi, décrit une situation alarmante : les enseignants de la région accusent trois mois d’arriérés de salaire. Selon lui, cette précarité les place dans une situation de grande vulnérabilité sociale et économique.
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« La situation actuelle est vraiment difficile à expliquer. Nous avons trois mois de salaire impayés, nous sommes pénalisés. Nos enfants sont renvoyés de l’école et nous avons du mal à répondre aux besoins primaires de nos familles. Les difficultés sont plus d’ordre financier que matériel », explique-t-il.
Ces enseignants dénoncent également une forme de discrimination sociale, estimant être abandonnés malgré leur rôle essentiel dans la formation de la jeunesse.
À Walungu, Cishugi Zihungulule Emmanuel, enseignant au Lycée Mulezi w’Abana, reconnaît que les établissements fonctionnent « plus ou moins bien », mais souligne la persistance de graves difficultés financières. Il évoque notamment le manque de moyens des parents pour scolariser leurs enfants, ce qui risque d’entraîner une déperdition scolaire importante cette année.
Il dénonce également les pertes financières subies lors de la perception des salaires via les agents de Mobile Money, dans un contexte d’insécurité accrue.
« Le salaire donné par le gouvernement est déjà insignifiant. Pour le percevoir, nous perdons jusqu’à 23.000 francs congolais auprès des agents Mobile Money. Souvent, ils manquent de liquidités et nous font attendre des heures », regrette-t-il.
La situation n’est pas meilleure dans le groupement de Miti-Murhesa, en territoire de Kabare, où le directeur de l’EP Mbayo, Eustache Birhingingwa, parle d’une situation « catastrophique ».
« Pour le moment, nous avons du mal à trouver les moyens nécessaires pour l’achat d’une boîte de craies. Nous éprouvons aussi des difficultés à accéder à nos salaires dans les banques », déplore-t-il.
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Face à cette précarité, les enseignants des territoires de Kabare, Kalehe et Walungu lancent un cri d’alarme au Gouvernement congolais. Ils appellent les autorités à restaurer la paix à l’Est du pays afin qu’ils puissent exercer leur métier dans des conditions favorables, et à payer régulièrement leurs salaires, particulièrement en cette période de crise sécuritaire et économique.