La province du Maniema traverse une crise humanitaire multiple et profonde, marquée par les violences armées, les catastrophes climatiques et une recrudescence inquiétante des épidémies, selon un rapport de l’OCHA publié le 26 septembre 2025 et consulté le 3 octobre par La Prunelle RDC. Plus de 11.300 personnes sont directement affectées par cette situation.
D’après l’OCHA, les affrontements du 15 septembre entre deux factions rivales des Wazalendo dans le village de Lusenge, territoire de Shabunda (Sud-Kivu), ont provoqué un déplacement massif vers le Maniema.
« Environ 1.300 ménages, soit plus de 7.800 personnes, ont trouvé refuge dans les villages de Bikenge (Kasongo) et Kama (Pangi), où les conditions de vie restent précaires », note le rapport.
Ces violences se sont accompagnées de pillages et d’abus graves :
- 72 cas de viols sur mineurs ont été rapportés ;
- 22 jeunes victimes seraient toujours retenues en esclavage sexuel, sans assistance médicale ni psychosociale.
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À cela s’ajoutent les fortes pluies du 15 septembre dans le territoire de Kailo, qui ont ravagé plusieurs groupements (Bisemulu, Baombo, Bidjungu, Mwene-Sud).
Le bilan fait état de 585 maisons détruites et 3.510 personnes sans abri, en plus d’écoles endommagées, aggravant la crise éducative. Les sinistrés, privés de réserves alimentaires, se sont réfugiés chez des proches ou dans des bâtiments publics.
Dans le territoire de Kabambare, l’OCHA fait état de tensions entre les Maï-Maï Malaika et les autorités locales, les premiers tentant d’instaurer un système parallèle de perception de recettes. Une dynamique qui fragilise encore davantage la gouvernance locale.
La crise sanitaire s’ajoute à ces difficultés. La province fait face à plusieurs flambées épidémiques :
- Choléra : 99 nouveaux cas et 1 décès enregistrés lors de la semaine 38 dans la zone de santé de Pangi, portant le cumul à 5.692 cas et 220 décès (taux de létalité 3,9%).
- Rougeole : 171 nouveaux cas et 6 décès (dont 5 à Samba), avec un total de 7.360 cas et 184 décès depuis janvier (létalité 2,5%).
- Mpox : 620 cas recensés depuis le début de l’année, dont 10 en une semaine, avec 3 décès (létalité 0,5%).
Les zones de santé les plus touchées sont Kindu, Alunguli, Ferekeni, Kailo, Punia, Kabambare, Kampene, Kunda et Pangi.
Face à cette combinaison de crises sécuritaire, climatique et sanitaire, l’OCHA exhorte les humanitaires à intervenir rapidement. Le rapport plaide pour une mobilisation de fonds d’urgence et une réponse multisectorielle, incluant abris, vivres, soins médicaux et protection des victimes de violences sexuelles.
Edith Kazamwali et Sylvie Bahati