Le territoire de Kalehe traverse une période de profonde instabilité sécuritaire et humanitaire, selon un rapport de l’OCHA sur la situation dans les provinces du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et du Maniema, publié le jeudi 26 septembre 2025 et parvenu à la rédaction de La Prunelle RDC ce lundi 29 septembre 2025.
Entre le 8 et le 15 septembre 2025, 7.862 personnes, représentant 312 ménages, ont été contraintes de fuir leurs foyers dans les groupements de Buzi, Ziralo et Mubuku à la suite de violents affrontements entre les groupes armés VDP et M23 dans les zones de santé de Bunyakiri (groupement de Ziralo) et de Minova (groupement de Buzi). Les combats ont particulièrement affecté les localités de Katale, Katoki, Kafufula, Kitindiro, Lulamba, Nyamaseya, Bulagiza et Chebumba, provoquant un déplacement massif des populations.
Les déplacés sont actuellement hébergés dans les villages de Tushunguti, Matutira, Kiisha, Mianda, Lulere et Bunje, où ils vivent dans des conditions précaires, sans accès suffisant à l’eau potable, à la nourriture, aux soins de santé et à un abri adéquat.
Les incidents de protection recensés sont jugés particulièrement inquiétants : 3 meurtres, 5 enlèvements, 3 viols et 6 cas de coups et blessures. Les femmes victimes de viol ne peuvent pas bénéficier d’un soutien médical ni psychosocial, en raison de l’insécurité et de l’éloignement des structures sanitaires.
Un drame supplémentaire s’est produit le jeudi 25 septembre 2025 dans le village de Bulambwe (aire de santé de Mianda, ZS de Bunyakiri, groupement de Ziralo). Une fille de 15 ans a été violée et enlevée alors qu’elle se rendait à l’école, dans un secteur surnommé Butacha. Les assaillants, identifiés comme des membres d’un groupe armé local, l’ont emmenée vers une destination inconnue. Ce crime s’ajoute à deux autres cas similaires signalés dans la même zone, confirmant un schéma inquiétant de violences ciblant les jeunes filles.
Les acteurs de protection et les communautés locales réclament une réaction rapide des autorités pour renforcer la sécurité dans les Hauts Plateaux et garantir une prise en charge médicale dans le délai critique de 72 heures après un viol.
Du 18 au 20 septembre 2025, une mission du Programme Alimentaire Mondial (PAM) a visité Kalehe afin d’évaluer ses stratégies dans un contexte de réduction budgétaire, consécutive à la suppression des financements BHA. Le PAM prévoit, dès octobre, l’introduction de demi-rations jusqu’en décembre 2025, tout en explorant des solutions de résilience communautaire en partenariat avec l’UNICEF, la FAO et l’UNFPA.
Parallèlement, entre le 16 et le 20 septembre 2025, World Vision a distribué 1.070,687 tonnes de vivres (farine de maïs, haricots, huile, sel) à 64.820 personnes dans les zones de santé de Minova et Kalehe.
- À Kalungu (Cheya, Chebumba) : 346,469 tonnes pour 20.998 bénéficiaires.
- À Nyabibwe (Mweya) : 81,510 tonnes pour 4 940 bénéficiaires.
- À Ihusi/Mushenezo (Ishovu) : 362,934 tonnes pour 21.926 bénéficiaires.
- À Mongoza et Chinera : 279,774 tonnes pour 16.956 bénéficiaires.
Malgré ces efforts, les besoins humanitaires dépassent largement les ressources disponibles, souligne l’OCHA, appelant la communauté internationale à intensifier son soutien.
Le territoire de Kalehe continue de faire face à des crises multiples – sécuritaires, humanitaires et structurelles – alors que les violences se poursuivent, mettant en péril la vie de milliers de personnes, en particulier des femmes et des enfants.
Un appel urgent est lancé aux autorités congolaises, aux bailleurs de fonds et aux agences humanitaires pour protéger les civils, fournir une aide d’urgence adéquate et travailler à une solution durable pour rétablir la sécurité dans cette région.