Intervenons-nous

Le prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege, affirme que les violences sexuelles faites aux femmes en République démocratique du Congo (RDC) ne relèvent pas d’un acte sexuel, mais d’une stratégie délibérée d’humiliation et de domination.

Dans une interview accordée à France Inter, le gynécologue congolais rappelle que depuis plus de trois décennies, des femmes sont violées, torturées, mutilées et parfois tuées par des hommes armés.

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« Le viol est utilisé comme une arme de guerre dans cette région. Chaque groupe armé a sa manière de torturer et de violer les femmes. Ce n’est pas un acte sexuel, mais un acte prémédité pour faire souffrir, humilier et asseoir une autorité », explique-t-il.

Le docteur Mukwege souligne que ces violences ne touchent pas seulement les victimes directes, mais aussi leurs familles et leurs communautés.

« J’ai rencontré des hommes qui disaient : depuis que cela est arrivé, je ne me sens plus comme un homme, je ne suis plus capable de jouer mon rôle de mari. Les enfants, eux aussi, sont traumatisés. J’ai vu des femmes faire des crises psychotiques après avoir été violées par leurs propres enfants, et ces enfants, devenus violeurs de leurs parents, souffrent ensuite de troubles psychologiques », témoigne-t-il.

Selon un récent rapport de l’ONU, la violence sexuelle contre les femmes en RDC a augmenté de 25 %. En moyenne, une femme est violée toutes les quatre minutes, et entre 30 et 45 % des victimes sont des enfants.

« Ces enfants se retrouvent enceintes, mettent au monde des enfants sans filiation reconnue, et ces enfants eux-mêmes grandissent sans soutien. Vous comprenez la complexité de la situation », commente Mukwege.

Une stratégie qui vide les villages

Le médecin alerte également sur les conséquences démographiques et sociales de ces violences. Les survivantes, souvent violées avec des objets introduits dans leurs organes génitaux, quittent leurs villages par peur d’une répétition.

« La destruction de l’appareil génital empêche la population de se renouveler. On ne tue pas directement, mais on brise la capacité de reproduction. Or, en Afrique, l’économie repose sur les épaules des femmes », avertit-il.

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Pour Denis Mukwege, la lutte contre ces violences doit être une priorité nationale et internationale, car elles détruisent à la fois les corps, les familles et l’avenir du pays.

Trésor Wilondja

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