Près de 50 personnes ont été tuées en Ituri entre juin et août 2025 lors d’une nouvelle vague d’attaques contre les civils, alerte l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) dans un communiqué publié jeudi 4 septembre. L’organisation dénonce une recrudescence des violences dans cette province du Nord-Est de la République démocratique du Congo, qui provoque morts, blessés et déplacements massifs.
Les attaques se sont intensifiées le 27 juin à Djangui, territoire de Djugu, où neuf personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées lors de l’attaque d’un site de déplacés. Le 31 juillet, le village de Katsu a été à son tour pris pour cible, provoquant de nouveaux blessés et de nouveaux déplacements. Le bilan le plus lourd a été enregistré récemment à Komanda, où plus de 40 personnes ont été massacrées dans une église, des violences qui ont également touché la ville de Bunia.
MSF attribue ces tueries à la persistance des conflits intercommunautaires et à la multiplication des groupes armés actifs dans la région, qui causent des victimes directes et collatérales parmi les civils.
L’organisation rappelle qu’en mars 2025, Asiyat Magomedova, cheffe de mission, avait déjà alerté sur la dégradation de la situation, indiquant qu’en 2024 au moins un tiers des civils pris en charge étaient des femmes et des enfants.
« Ce qui se passe en Ituri est inacceptable. Les populations civiles sont quotidiennement victimes des atrocités commises par les groupes armés. MSF appelle tous les groupes armés, étatiques et non étatiques, à épargner les civils. La protection des populations face à ces atrocités est une urgence absolue », a insisté Asiyat Magomedova.
Depuis le début de l’année 2025, MSF a pris en charge 250 patients blessés par les affrontements et violences armées, dont 105 rien qu’entre juillet et août. Les équipes ont effectué 934 interventions chirurgicales pour blessures et traumatismes causés par armes blanches ou armes à feu.
« Depuis trois mois, les admissions ont quasiment doublé. Nous avons dû passer en mode urgence, installer des lits sous tente. Mais la réalité, c’est que la plupart des blessés n’arrivent jamais jusqu’ici », a-t-elle expliqué.
Au-delà des blessures physiques, MSF alerte sur les traumatismes psychologiques des survivants : peur du lendemain, anxiété, stress, larmes silencieuses et regards perdus, autant de cicatrices invisibles qui marquent durablement les victimes.
Ces violences ont provoqué de nouveaux déplacements massifs, aggravant des besoins humanitaires déjà immenses dans un contexte de réduction des financements de plusieurs bailleurs.
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Selon les autorités provinciales, plus de 1,56 million de personnes sont actuellement déplacées en Ituri, dont 48 % se trouvent dans le territoire de Djugu, particulièrement dans les zones de santé de Drodro et d’Angumu à Mahagi.
D’après un rapport de l’OCHA, entre mi-juillet et mi-août 2025, plus de 82.OOO personnes ont été forcées de fuir leurs foyers à cause des attaques dans les territoires de Djugu et d’Irumu. L’agence onusienne appelle à une intervention urgente, nationale et internationale, pour mettre fin à cette crise sécuritaire et humanitaire qui continue de secouer l’Ituri.
Eliane Mufungizi et Séraphin Mapenzi