Intervenons-nous

    L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) a réagi lundi 25 août 2025 à la peine de mort requise, vendredi dernier, par le ministère public contre l’ancien président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, jugé par contumace devant la Haute Cour militaire pour trahison, complot et participation à un mouvement insurrectionnel.

    Dans un communiqué, l’ODEP estime que ce procès constitue « une occasion historique manquée de consolider le processus démocratique en RDC », regrettant qu’il ait été réduit à un débat sur la nationalité de l’ancien chef de l’État, au lieu de reposer sur des faits graves et avérés.

    « Sans se prononcer sur sa culpabilité ou son innocence, ce procès aurait pu marquer une rupture avec la culture d’impunité qui mine la République Démocratique du Congo depuis l’indépendance », souligne l’ODEP.

    L’organisation dénonce également plusieurs irrégularités. Selon elle, la loi portant statut et protection des anciens chefs d’État prévoit que seul le Congrès est compétent pour autoriser des poursuites contre un ancien président, mais c’est le Sénat qui s’est arrogé ce pouvoir, en violation des textes. L’ODEP fustige aussi le choix de concentrer l’essentiel des débats sur la question de la nationalité, qu’elle juge « futile » et « indigne de l’importance d’un tel procès ».

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    Pour l’ODEP, un tel procès aurait dû devenir une jurisprudence exemplaire, une leçon d’histoire et un avertissement clair que « désormais, aucun dirigeant, quel qu’il soit, ne saurait échapper à la justice ».

    Face à cette occasion manquée, l’organisation formule plusieurs recommandations :

    • Institutionnaliser l’audit post-mandat présidentiel, conduit par des organisations internationales crédibles, avec l’appui technique et financier du FMI, de l’Union Africaine et des Nations Unies.
    • Mettre en place une justice impartiale et exemplaire, reposant sur des enquêtes approfondies, des faits documentés et la poursuite non seulement des principaux responsables mais aussi de leurs complices.
    • Établir un précédent institutionnel de redevabilité, afin que tout mandat présidentiel se conclue par un audit indépendant et systématique.

    En fin, l’ODEP déplore que le procès de Joseph Kabila n’ait fait que renforcer la culture de l’impunité héritée de la Révolution-Pardon de 1997, compromettant la réconciliation entre justice, vérité et mémoire collective.

    « Seule une volonté ferme de transparence et de redevabilité permettra à la RDC de tourner définitivement la page de l’impunité et de bâtir un véritable État de droit », conclut son communiqué.

    Edith Kazamwali

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