Intervenons-nous

Plus d’un millier d’habitations ont été ravagées entre le 28 juillet et le 3 août 2025 dans le quartier Karhale, commune de Kadutu à Bukavu, à la suite d’un vaste incendie qui a laissé des centaines de familles sans abri. Les sinistrés, livrés à eux-mêmes, dorment désormais à la belle étoile, exposés au froid de la nuit et à l’insécurité.

L’odeur âcre de brûlé flotte encore dans les ruelles, et les tôles calcinées jonchent le sol.

« Ma mère se battait pour sauver quelques affaires, mais elle a eu un accident. Notre maison a été détruite », témoigne un jeune sinistré, le regard perdu sur les décombres.

La plupart des maisons, construites avec des matériaux fragiles (planches et tôles fines), se sont embrasées en quelques minutes. Des motos, garées dans les cours ou à proximité, ont explosé ou continué de brûler, propageant les flammes. Au coin des rues, des familles entières se serrent autour de maigres tas d’affaires sauvées de justesse : quelques vêtements, une casserole cabossée… parfois rien.

Faute de secours adaptés et face à l’inaction des autorités, les habitants improvisent : bâches tendues, tôles récupérées, abris précaires. Mais la résilience s’épuise.

« Je peux travailler, mais je n’ai même pas le droit de reconstruire sur le terrain de ma mère », déplore un habitant, évoquant les blocages liés aux démarches administratives, à la crise actuelle et aux tensions foncières.

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Karhale n’est pas un cas isolé. Plusieurs quartiers de Bukavu subissent régulièrement des incendies, attisés par des installations électriques vétustes, la promiscuité et l’absence de systèmes de prévention. Chaque drame se déroule selon le même scénario : familles démunies, solidarité spontanée, puis oubli.

Sans politique publique de prévention, ni aide d’urgence structurée, les sinistrés restent pris dans un cycle de vulnérabilité. La perte d’un toit entraîne l’abandon scolaire pour de nombreux enfants, l’endettement pour les adultes et parfois la séparation des familles.

Aujourd’hui, les tôles calcinées et les murs noircis sont les seuls témoins visibles de cette tragédie. Ils portent le désespoir d’une communauté qui refuse de disparaître dans l’indifférence, mais qui attend toujours une réponse à la hauteur de l’urgence.

Un article réalisé par le consortium RATECO et REMEL-GL avec l’appui de La Benevolencija Grands Lacs, dans le cadre du projet Habari za Mahali.

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