Le récent inauguration du pont Mela, jeté sur la rivière Elila, a suscité une vive controverse au sein de la population de Mwenga. Alors que la Cellule de Communication du Gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi, a annoncé que cette infrastructure avait été réalisée grâce aux fonds du gouvernement provincial, le député national Trésor Mutiki conteste fermement cette version des faits.
Dans un communiqué officiel, la Cellule de Communication a déclaré que le ministre provincial des Infrastructures, Georges Kibonge, avait remis le pont à la population de Mwenga, soulignant qu’il avait été construit d’abord par le gouvernement provincial, puis « conformément aux engagements entre exploitants miniers et communautés locales ».
Le ministre a insisté sur l’importance de gérer cette infrastructure de manière responsable pour assurer la libre circulation des biens et des personnes.
Cependant, Trésor Mutiki n’a pas tardé à réagir, qualifiant ces annonces de « fausse information populiste ».
Selon lui, le pont Mela a été financé par la société minière « Yellow Stone » et non par le gouvernement provincial. Il a rappelé que le projet avait été initié pour faciliter le passage des engins des sociétés minières, une nécessité que le gouverneur sortant, Théo Ngwabidje, avait reconnue lors de rencontres avec plusieurs entreprises.
Mutiki a également pointé du doigt l’incapacité du gouvernement provincial à soutenir l’Office de Route, soulignant que, malgré des financements reçus pour des projets d’exploitation minière, les infrastructures essentielles comme la RN2 demeurent négligées.
« Le pont en question a été construit sur la rivière Elila en 2023 sur fonds propres de la Société minière Yellow Stone et non du gouvernement provincial du Sud-Kivu. Lorsque ce pont est devenu opérationnel, le gouverneur sortant Théo Ngwabidje avait reçu plusieurs sociétés minières et coopératives pour arbitrer afin que ce pont puisse faciliter le passage de leurs engins, malgré le refus de « Yellow Stone ». En juillet 2024, pendant nos vacances parlementaires, mes collaborateurs et moi étions au siège de la Société Yellow Stone à Lugushwa pour leur demander d’ouvrir le pont aux habitants, ce qui a été fait, sauf pour les engins d’autres sociétés qui devaient payer pour accéder à cette infrastructure. Le gouvernement provincial est incapable, à ce jour, de soutenir l’Office de Route avec des fonds pour éliminer les bourbiers sur la RN2, malgré les financements reçus de la part d’entreprises chinoises conditionnels à l’autorisation d’exploitation minière au Sud-Kivu (Mwenga, Shabunda et Fizi) », a-t-il déclaré.
Il s’est également interrogé sur la rapidité avec laquelle le pont a été construit, demandant des éclaircissements sur l’origine des fonds utilisés.
« Il y a à peine un mois que le gouverneur Purusi avait lancé une opération de collecte de fonds pour le développement de la province. D’où est venu cet argent pour la construction de ce pont en moins de dix jours ? Nous devons connaître l’origine de ces fonds, le budget affecté à cet ouvrage et la société qui a exécuté les travaux. En tant que député national élu de Mwenga, je tiens à préciser qu’aucune initiative du gouvernement Purusi n’est en cours d’exécution dans notre territoire », a-t-il insisté, exhortant ses collègues députés provinciaux à interpeller le gouverneur sur ce manquement qui affecte la population de Mwenga.
La situation est d’autant plus tendue que de nombreux citoyens sur les réseaux sociaux s’indignent face à ce qu’ils considèrent comme une tentative du gouvernement provincial de s’approprier les mérites d’un projet financé par des intérêts privés.
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La remise officielle du pont par le ministre a donc pris des allures de polémique, révélant des tensions sous-jacentes entre les institutions publiques du Sud-Kivu et d’autres acteurs sociaux et politiques, ainsi qu’une frustration croissante au sein de la population qui attend toujours des initiatives concrètes de développement local.
Alors que la communication officielle persiste à attribuer la construction du pont Mela au gouvernement provincial, ou du moins grâce à sa pression, le député Mutiki s’érige en défenseur des intérêts de Mwenga, promettant de continuer à surveiller cette affaire de près pour assurer la transparence et la responsabilité.
La suite de cette controverse reste à suivre, avec des citoyens et des élus qui demandent des comptes et plus de clarté sur le rôle des acteurs gouvernementaux dans le développement des infrastructures vitales des territoires miniers.
Marina Mwanda