La Présidente tanzanienne Samia Suluhu affirme que la mission de la force régionale de l’EAC déployée dans l’Est de la RDC n’est pas offensive. Elle l’a dit dans une déclaration faite ce week-end, à l’issue de sa visite à Pretoria en Afrique du Sud.
Contrairement aux annonces précédentes du Gouvernement congolais, la Présidente indique que cette force a la mission de « maintien de la paix », et non d’attaquer les rebelles du M23.
“L’Afrique de l’Est a envoyé des militaires, ils sont là, ils ont la mission de maintien de la paix, nous ne sommes pas partis (en RDC) pour nous battre,» a-t-elle précisé.
Lire aussi RDC : Le Gouvernement rassure que le mandat de la Force régionale est « offensif »
Dans un communiqué publié le 5 février dernier, le Gouvernement de la RDC avait rassuré que le mandat de la force régionale est -sans équivoque- « offensif », conformément aux Communiqués des trois Conclaves des Chefs d’État de l’EAC d’avril et juin 2022 à Nairobi, ainsi que du Communiqué final du mini-sommet de Luanda.
« Nous allons discuter avec les rebelles »
Même si l’armée tanzanienne ne fait pas encore partie de la force régionale de l’EAC déployée dans l’Est de la RDC, la Tanzanie est impliquée dans la recherche de la paix dans l’Est de la RDC à travers diverses organisations régionales et internationales.
Pour couronner le tout, la Présidente Samia Suluhu annonce que la force régionale compte même négocier avec les rebelles du M23, actifs dans l’Est de la RDC depuis un an maintenant et soutenus par le Rwanda.
«Nous ne sommes pas partis pour nous battre. Nous allons pour discuter avec les rebelles, pour dialoguer avec ce groupe armé qui sème l’insécurité,» a-t-elle indiqué.
Cette position entre également en totale contradiction avec différentes déclarations de Kinshasa, qui a toujours été ferme quant à sa décision de ne pas négocier avec les rebelles du M23. Des contradictions qui frisent une sorte de tâtonnement de la part du pouvoir en place, quant à la solution à la crise sécuritaire qui sévit dans l’Est du pays.
Des forces « inoffensives »
C’est à l’issue du sommet du 21 avril 2022, que les chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) avaient décidé de déployer une force régionale dans l’est de la RDC.
Le Burundi a déjà déployé un contingent dans la province du Sud-Kivu depuis le 15 août 2022. Il a été suivi par le Kenya qui a officiellement démarré le déploiement de son contingent à Goma dans la province du Nord-Kivu, le 13 novembre 2022. Dans le cadre de la mise en œuvre de la feuille de route de Luanda, les militaires kényans qui ont été déployés à Kibumba, ont créé une sorte de zone tampon entre M23 et les FARDC.
Une inaction que n’ont cessé de dénoncer plusieurs acteurs socio-politiques, qui estiment que ces troupes devraient plutôt combattre ces rebelles, suite à leur refus de se conformer aux résolutions du Mini-Sommet de Luanda, qui leur avait accordé jusqu’au 15 janvier pour se retirer de toutes les zones qu’ils occupent en territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo au Nord-Kivu.
Quoi qu’inoffensive sur le terrain, le déploiement de la force régionale de l’East African Community (EAC) aura coûté à la République Démocratique du Congo une bagatelle estimée à 100 millions de dollars américains, pour une durée de 6 mois.
Et comme si cela ne suffisait pas, l’Angola a récemment annoncé que ses soldats seront déployés en RDC pour aider à sécuriser les zones tenues par le M23 et s’assurer du respect du cessez-le-feu. Une autre force inoffensive, la quatrième à être déployée en RDC, après celles du Kenya, du Burundi et de l’Ouganda, et avant l’arrivée des troupes Sud-Soudanaises, sans compter d’autres contingents étrangers déployés dans le cadre de la Monusco.
Museza Cikuru