Assassinat du Dr Sylvie Kavute à Beni : les médecins du Sud-Kivu dénoncent « un crime de génocide qui ne devrait pas rester impuni »

Les médecins du Sud-Kivu réunis au sein du Conseil Provincial de l’Ordre des Médecins COPROM, sont descendus dans la rue ce jeudi 3 novembre pour dénoncer l’insécurité et manifester leur colère contre l’assassinat par les rebelles des ADF du Dr Sylvie Kavute, médecin responsable du centre de santé Maboya de Beni au Nord-Kivu.

Au cours de cette manifestation de colère, les médecins du Sud-Kivu habillés en blouse médicale, minus des calicots à la main, ont dénoncé le fait qu’un médecin soit lâchement abattue à son lieu de travail alors qu’elle était au service de la communauté.

« Trop c’est trop. Un médecin ne peut pas être sauvagement tué pendant qu’il est entrain de sauver des vies. Non à la barbarie envers les médecins » pouvait-on lire sur différents calicots.

Dans leur mémorandum adressé au président de la République, les médecins du COPROM Sud-Kivu, ont exprimé leur désapprobation et désolation face à cette perte qui selon eux, laisse toute la corporation sans voix.

« Dr Sylvie a été lâchement tuée en plein exercice de la noble profession. Elle était au service de l’humanité. Elle est morte arme à la main tel un soldat aux champs de bataille. C’est inacceptable, c’est un crime de génocide qui ne devrait pas rester impuni » ont-ils dénoncé.

Les médecins manifestants ont rappelé que les milieux hospitaliers devraient constituer le lieu de refuge en toute situation de guerre ou des conflits. 

« Malheureusement, ils sont devenus, depuis le massacre des malades à l’hôpital de Lemera en 1996, les lieux de crime, lieu de génocide, des barbaries par les hommes en armes » regrettent-ils.

Par la même occasion, ils ont rappelé l’événement récent du 18 octobre dernier à Fizi, où un médecin a été kidnappé par des hommes armés non identifiés. Cela aurait coûté une somme énorme d’argent au corps médical de la province pour sa libération, alors que plusieurs médecins vivent sans prime ni salaire. 

Les médecins du Sud-Kivu ont demandé la sécurisation par l’état congolais des milieux hospitaliers et de tout médecin partout où il peut se retrouver. 

Pour rappel, dans la nuit du 20 au 21 octobre 2022, les hommes armés identifiés comme des éléments ADF ont mis feu sur le Centre de Santé de Maboya à Beni, dans le Nord-Kivu, entraînant la mort tragique du Dr Sylvie Kavute qui était médecin responsable de cette structure sanitaire. Elle morte calcinée pendant qu’elle assurait la garde des malades cette nuit.

Bertin Bulonza