L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) lance un appel à la prudence, alors que de nombreux pays en Afrique allègent de plus en plus les mesures de surveillance et de quarantaine prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie, suite à la baisse importante du nombre de nouveaux cas de COVID-19.
Au cours d’une conférence de presse virtuelle tenue ce jeudi 24 mars à Brazzaville, l’agence onusienne a précisé que même s’il est important pour les pays de rouvrir leur économie et de reprendre une vie sociale, ces derniers devraient prendre en compte des risques que comporte une telle décision.
Selon l’OMS, la recherche de cas contacts est une stratégie essentielle pour freiner la propagation du virus et réduire la mortalité. En août 2020, 23 des 54 pays du continent africain effectuaient une recherche de l’ensemble des cas contacts. Mais avec l’évolution de la pandémie, les pays se sont tournés vers une recherche des cas contacts prioritaires uniquement.
Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, affirme que sur la base de l’analyse de données en accès libre au 15 mars 2022, seuls 13 pays effectuaient une surveillance de l’ensemble des cas, alors que 19 pays procédaient à une recherche des cas contacts jugés prioritaires. 22 pays africains n’effectuaient plus aucune recherche des cas contacts.
«Il est inquiétant de constater que près de la moitié des pays d’Afrique ont cessé de procéder à la recherche des cas contacts. Cela constitue pourtant, avec un dépistage robuste, l’épine dorsale de toute riposte à une pandémie. Sans ces informations critiques, il est difficile de suivre la propagation du virus et d’identifier les foyers de nouveaux cas de COVID-19 qui peuvent être causés par des variants connus ou émergents,» a-t-elle déclaré.
En plus de la recherche des cas contacts, l’agence onusienne considère que le dépistage constitue une stratégie de surveillance essentielle. L’OMS estime que les pays qui réalisent au moins 10 tests pour 10 000 habitants par semaine ont un taux de dépistage satisfaisant.
«Lors du premier trimestre 2022, seuls 27 % des pays ont atteint cet objectif hebdomadaire, ce qui traduit une baisse préoccupante des taux de dépistage par rapport à 2021, année au cours de laquelle 40 % des pays avaient atteint le seuil de référence. En plus des tests par amplification génique (PCR) et des tests de diagnostic rapide basés sur la détection des antigènes, l’OMS recommande également l’auto-dépistage à l’aide de tests de détection rapide des antigènes, afin d’élargir l’accès aux produits de diagnostic,» indique-t-elle.
L’OMS reconnait que le nombre de cas de COVID-19 a diminué sur tout le continent depuis le pic de la quatrième vague induite par le variant Omicron début janvier 2022. Mais selon elle, la couverture vaccinale reste néanmoins largement inférieure à celle du reste du monde. Environ 201 millions de personnes, soit 15,6 % de la population, sont entièrement vaccinées en Afrique, par rapport à la moyenne mondiale de 57 %.
«Depuis plus de deux ans, la pandémie exerce une emprise douloureuse sur nos vies, et l’on comprend aisément le besoin impérieux pour les pays de relancer leur économie et les moyens de subsistance. Cependant, la pandémie n’est pas encore terminée et les mesures de prévention devraient être assouplies avec prudence, avec une évaluation par les autorités sanitaires des risques par rapport aux bienfaits attendus. Alléger les mesures de santé publique ne signifie pas relâcher les efforts de vigilance pandémique,» a souligné la Directrice régionale de l’OMS, Moeti Matshidiso.
L’OMS dit avoir fourni aux pays des orientations claires sur la manière d’appliquer et d’ajuster les mesures de santé publique et les mesures sociales dans différents contextes et situations à mesure que la pandémie de COVID-19 évolue. Dans ces orientations, il est recommandé aux pays d’adopter une approche globale qui évalue les risques et les bienfaits escomptés lorsqu’ils décident d’assouplir ou non les mesures barrières.
Museza Cikuru