Le Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu rappelle au Président de la République Félix Tshisekedi la recommandation de revoir « urgemment » son ordonnance portant nomination des animateurs du Programme de Démobilisation, Désarmement, Réinsertion Communautaire et Stabilisation (PDDRC-S), en écartant les personnalités controversées. C’est notamment le Coordonnateur de cette structure, Tommy Tambwe, qui a été contesté par différentes forces vives dès sa nomination en août dernier, pour sa présumée participation dans des rebellions qui ont endeuillé l’Est de la RDC.
Dans une déclaration rendue publique ce mercredi 9 mars 2022 à Bukavu, la Société Civile dit s’inquiéter de la manière dont le Programme National de DDRCS est entrain d’être exécuté sur le terrain, par des personnes « dont la nomination n’a pas respecté les principes de vetting», qui est un domaine clé de la justice transitionnelle à prendre en compte en RDC.
Adrien Zawadi, président de cette structure, soutient que dans le cadre de non répétition de crimes commis dans le passé et « même dans le présent », des personnes qui ont trempé dans la commission de crimes dans le pays ne peuvent se retrouver dans la gouvernance.
«Trainer de répondre à cette recommandation correspondrait de plus en plus à une gifle donnée de revers de la main à toutes les victimes de graves violations de droits de l’homme commises à l’Est du pays et une force donnée à ceux qui refusent l’existence de ces victimes sur le territoire de la RDC,» déclare la Société Civile.
Faut-il « sacrifier » ce processus [PDDRC-S] simplement parce que l’on voudrait gratifier un individu « au détriment de la communauté ou de la bonne marche du pays ? » s’interroge-t-elle, ajoutant que «la nomination de Tommy Tambwe, pour ne citer que ce cas, continue d’être le sujet de controverses entre les parties prenantes.»
Et selon cette structure, «ces controverses sont de nature à bloquer la mise en place du Programme, pourtant salué par la majorité de parties prenantes.»
La Société Civile estime que l’écart des personnalités contestées devrait permettre à ce programme de bénéficier d’implications intégrales de toutes les parties prenantes, pour sa réussite.
«Tout en encourageant le Chef de l’Etat à rendre effectif le programme DDRC sur toute l’étendue du territoire national en le distinguant clairement de la justice transitionnelle dont il est un aspect,» déclare-t-elle.
Cette structure demande par ailleurs à toutes les personnes « éprises de paix et de justice » de faire attention aux entreprises de consultations dans lesquelles se lancent les autorités nationales et provinciales, et qui pourraient selon elle, créer des confusions dans les têtes des populations en province du Sud-Kivu.
Disons que dans sa déclaration du 11 aout 2021, le Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu avait affirmé qu’il ne saurait encourager le chef de l’Etat à maintenir l’ordonnance présidentielle du 7 aout 2021 nommant les animateurs de la structure PN-DDRC-S.
Abiud Olinde