Les activités de Médecins Sans Frontières (MSF) autour des localités de Bambu et Nizi, en appui ministère de la Santé Publique, sont suspendues, depuis la récente attaque de son convoi sur la route Bambu, dans la province de l’Ituri. Ce qui fait que des centaines de milliers d’habitants n’auront plus accès à l’assistance médicale et humanitaire.
Dans un communiqué rendu public, MSF fait savoir que ses activités dans ces deux localités s’adressaient à une population estimée à plus de 470.000 personnes, parmi lesquelles près de 175.000 résidant à Nizi, 176.000 à Bambu et 120 000 déplacées internes.
«Au sein de ce projet, les équipes de MSF ont réalisé plus de 33 000 consultations au cours du premier semestre de 2021 et animé 21 229 sessions de sensibilisation. Depuis 4 ans MSF s’efforce d’apporter de l’aide aux civils, aux blessées, et aux populations affectées par le conflit en Ituri, de part et d’autre de la ligne de front. La suspension de nos activités prive la population du minimum d’assistance médicale que notre présence permettait d’assurer, ajoute Stéphane Hauser. Nous sommes indignés à l’idée que les civils, les blessés et les malades puissent à nouveau payer le prix de cette insécurité,» déplore MSF dans ce communiqué.
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L’ONG considère que pour pouvoir répondre aux besoins des populations affectées par le conflit meurtrier et sauver des vies, il est indispensable de préserver la sécurité de ses médecins, et de faciliter l’accès sécurisé aux terrains d’intervention dans l’ensemble des zones disputées, où l’action humanitaire est guidée par des principes de neutralité et d’impartialité.
«La question qui se pose à tous les belligérants à travers l’exemple de MSF dépasse par ailleurs les évènements de ces dernières semaines. La violence fait rage depuis 2017 dans la province de l’Ituri, en particulier dans les zones où MSF mène des projets. Il y a un impératif urgent de compréhension et d’acceptation de l’aide humanitaire ainsi que de ses principes. Cela doit être clarifié rapidement afin de nous permettre d’établir si, oui ou non, les conditions d’une perspective de retour sont réunies,» a dit Stéphane Hauser, coordinateur du projet de MSF à Nizi.
MSF appelle ainsi les FARDC, les CODECO et l’ensemble des parties prenantes impliquées dans le conflit en Ituri, à œuvrer pour permettre à l’aide humanitaire d’être acheminée, et délivrée sur toute l’étendue de la province.
Signalons que le 28 octobre dernier, un convoi de MSF a été pris pour cible sur la route de Bambu, en Ituri, alors qu’il revenait d’une zone où les équipes s’étaient rendues pour répondre aux besoins médicaux des populations. Deux employés de l’organisation ont été blessés, et les trois autres passagers qui étaient dans le véhicule ont été profondément choqués. A l’heure actuelle, les auteurs et leurs motifs ne sont toujours pas connus. MSF dit avoir demandé aux autorités compétentes qu’une enquête soit démarrée afin de faire la lumière sur l’évènement survenu à Bambu.
«Aujourd’hui, les conditions d’un accès sécurisé nécessaire à la reprise de nos activités ne sont pas réunies. Cela demande un engagement par toutes les parties au conflit, sans exception,» affirme Stéphane Hauser.
Dans la province de l’Ituri, MSF appuie en collaboration avec le ministère de la santé 4 hôpitaux généraux, 12 centres de santé, trois postes de santé et 32 sites de soins communautaires, dans les zones de santé de Drodro, Nizi et Angumu pour la prise en charge des maladies pédiatriques, de la malnutrition, du paludisme, des violences sexuelles et de la santé mentale.
Museza Cikuru