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Pourtant voulu pour piloter le Programme DDRCS, le très contesté Tommy Tambwe a décidé de présenter son côté politique à la congolaise. Il est en mission au Kivu et l’homme est conscient qu’ici des organisations sérieuses de défense des droits humains, lui ont déjà réservé une fin de non-recevoir mais ne s’avoue pas pour vaincu. Il a, comme tout acteur politique congolais, ces cérémonies « d’accueil chaleureux » dès son arrivée à Goma dans la province du Nord-Kivu.

Tommy Tambwe, le patron du nouveau Programme de Démobilisation, Désarmement Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRC-S) est arrivé à Goma, Chef-lieu de la Province du Nord-Kivu ce lundi 11 octobre.

C’est sa première mission effectuée à l’Est du pays depuis sa nomination à ce poste par le Chef de l’Etat.  Devant la presse locale, ce dernier dit venir annoncer le démarrage des opérations du programme DDRC-S en province du Nord-Kivu.

« Je n’ai pas dit que ma présence sur cette terre signifie la fin du problème de l’insécurité. Nous venons ici démarrer le programme pour écouter les communautés, les autorités, la jeunesse, les femmes afin qu’ils nous disent de quelle manière ils attendent que ce programme soit exécuté d’une manière concrète dans cette province », a-t-il déclaré.

Dans son agenda, ce dernier prévoit aussi une descente dans les sites de cantonnement des rendus pour s’enquérir de leurs conditions de vie.

Une arrivée pour se légitimer ?

A son arrivée dans la ville volcanique de Goma, Tommy Tambwe Rudima é été accueilli par plusieurs personnes vêtues en T-Shirts conçus à cette occasion. Des personnes mobilisées et nombreuses présentées comme organisations de la Société Civile. Pareil geste n’est pas fait au hasard par cet ex rebelle.

En effet, monsieur Tambwe sait parfaitement qu’au Kivu, les grandes structures de la Société Civile ont déjà opposé leur refus catégorique à sa nomination. Depuis, elles se mobilisent pour demander qu’il soit remplacé à la tête du P-DDRC-S par quelqu’un dont le passé n’est pas entaché des crimes commis sur les populations civiles avec la participation dans différentes rebellions.

Conscient de cette situation, celui qu’on veut voir travailler sur place pour le Désarmement a préféré jouer la carte politique. Comme un véritable politicien congolais, il a « mobilisé » des personnes et plusieurs moyens pour prouver qu’il est aimé par des populations locales, explique un acteur de la Société Civile locale.

« Nombreuses de ces personnes sont venues du Sud-Kivu avec des T-Shirt déjà imprimés à son image. On comprend dès lors à quoi vont servir les fonds donnés par les partenaires. Nous espérons qu’ils ont vu que l’homme a des moyens pour mobiliser des foules et motiver ceux qui viennent vers lui. On ne s’étonnera pas que cet argent de l’Union Européenne et d’autres partenaires serve à soutenir les milices à l’Est du Congo », s’inquiète un acteur de la Société Civile du Nord-Kivu impliqué dans la Dynamique de Justice Transitionnelle en RDC.

En effet, cette mobilisation faite en forme de campagne électorale démontre si nécessité il y avait que l’homme est à la recherche de la légitimité. Une légitimité qu’il peine à obtenir à la base avec son passé actif dans les rebellions armées ayant endeuillé l’Est du pays. Le dernier passage est au M23.

Au Sud-Kivu, ce sont des centaines des personnes qui s’organisent également pour l’accueillir. Elles sont essentiellement recrutées, selon des informations parvenues à LaPrunelleRDC.info par des acteurs de la Société Civile ayant des projets avec une Organisation Internationale travaillant avec Tommy Tambwe et son P-DDRC-S soutenue par des lobbies étrangers. D’autres acteurs sont des alliés du parti au pouvoir l’UDPS ; le parti qui a déjà affiché son soutien à Tommy Tambwe depuis sa nomination.

Lire aussi: Pour la Société Civile du Nord et Sud-Kivu, Tshisekedi doit contraindre Tommy Tambwe à démissionner urgemment du P-DDRC-S

Dans cette quête de légitimité, Tomy Tambwe peut compter la puissante Monusco. Plusieurs responsables Onusiens tentent de bloquer toute mobilisation de la Société Civile contestant le choix de Tshisekedi.

« Ils ont même créer des camps au sein des acteurs de la Société Civile pour la cause et comme dans plusieurs autres circonstances où ils ont leurs agenda », explique un activiste prodémocratie. Des allégations rejetées par plusieurs sources au sein de la mission de l’ONU.

Une autre tactique malsaine utilisée dans l’opinion et pour les mobilisateurs en faveur du puissant homme du RDC, CNDP, M23, etc. c’est la fibre tribale. Nombreux congolais comme étrangers qui veulent à tout prix l’imposer tentent d’opposer des communautés vivant dans le Sud-Kivu.

« C’est du déjà vu et entendu et on sait qui soutiennent ceux qui agissent de la manière », rassure-t-on au sein de la Société Civile du Sud-Kivu où des organisations ont d’ailleurs saisi le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi pour rappeler et renouveler leur refus de collaborer avec Tomy Tambwe. 

En attendant, Tomy Tambwe et ses soutiens ont annoncé leurs couleurs:  guerre de légitimation, mobilisation à la politicienne, menaces contre des acteurs de la Société Civile qui affichent leur résistance, … tout faire, pour rester au poste. 

Lire aussi: Justice transitionnelle en RDC : l’UE souffle le chaud et le froid!

Pour l’instant, le programme DDRC-S reste parmi les grandes doléances présentées par la Société civile et plusieurs autres couches sociales du Nord-Kivu et de l’Ituri dans le cadre de la réussite de l’état de siège décrété dans ces deux provinces. Mais pas avec n’importe qui, averti-t-on dans ces provinces. 

Janvier-Max Kakule
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