Intervenons-nous

Depuis le 9 juillet, et l’arrestation de l’ancien président Jacob Zuma, l’Afrique du Sud est en proie à des scènes de violences, des émeutes et des pillages.

Les troubles qui font rage au pays de Nelson Mandela ont éclaté pour la première fois vendredi de la semaine passée alors que l’ancien président Jacob Zuma a commencé à purger une peine de 15 mois pour outrage après avoir snobé une enquête sur la corruption qui a entaché ses 9 ans au pouvoir.

Tout commence dans son fief, la province de Kwazulu-Natal avant de s’étendre au courant du weekend dans la province de Gauteng plus principalement dans la ville de Johannesbourg.

Les manifestations qui ont suivi l’arrestation de Zuma la semaine dernière se sont transformées en pillages et en une vague de colère généralisée face aux inégalités qui persiste 27 ans après la chute de l’apartheid.

La pauvreté a été exacerbée par de sévères restrictions sociales et économiques visant à bloquer la propagation du Covid-19.

« Aucun mécontentement ou circonstances personnelles de notre peuple ne donne le droit à quiconque de piller, de vandaliser et de faire ce qu’il veut et d’enfreindre la loi », a déclaré le ministre de la Police Bheki Cele lors d’une conférence de presse, faisant écho aux sentiments exprimés par le président Cyril Ramaphosa dans un discours à la nation la nuit du lundi alors que la situation prenait son ampleur.

« Les rues et les bâtiments que j’ai vus portent les cicatrices du pillage et du chaos. Mais ce qui est le plus dévastateur, c’est le tribut que ces événements ont fait sur la vie, les moyens de subsistance et le sentiment de sécurité des gens », a déclaré le Président, après qu’il ait visité plusieurs régions du KwaZulu-Natal, où des pillages et des violences ont eu lieu avant son discours à la nation dans la soirée de ce vendredi sur les progrès du gouvernement dans le rétablissement de l’ordre après les pillages et les violences qui ont frappé l’Afrique du Sud ces derniers jours.

Dans celui-ci, il a déclaré que l’instabilité actuelle et l’incitation continue à la violence constituent une violation directe de la constitution sud-africaine et de l’état de droit.

« Ces actions visent à paralyser l’économie, à provoquer une instabilité sociale et à affaiblir gravement – voire à déloger – l’État démocratique. Utilisant le prétexte de griefs politiques, ceux qui sont derrière ces actes ont cherché à provoquer un soulèvement populaire. Ils ont cherché à exploiter les conditions sociales et économiques dans lesquelles vivent de nombreux Sud-Africains, conditions qui se sont aggravées depuis le début de la pandémie de coronavirus, et à inciter citoyens et criminels à se livrer à des actes de pillage opportunistes », continu à expliquer le successeur de Zuma depuis 2018.

Il a admis que le gouvernement n’était pas préparé aux troubles mais a déclaré que malgré les destructions généralisées, la tentative d’insurrection n’avait pas réussi à obtenir le soutien populaire.

« Il a échoué à cause des efforts de nos forces de sécurité, et il a échoué parce que les Sud-Africains l’ont rejeté et se sont levés pour défendre notre démocratie durement gagnée« , a-t-il déclaré.

Des véhicules blindés ont été aperçus en train de patrouiller dans les rues du KwaZulu-Natal et Gauteng depuis le déploiement de troupes de 25 000 hommes dans les deux provinces affectées et dont 10 000 étaient déjà arrivés pour assister la police et les compagnies de sécurité privées.

Ramaphosa a également fourni une mise à jour sur les dernières statistiques d’incidents, d’arrestations et de décès liés à la violence. La structure nationale conjointe des opérations et du renseignement a enregistré plus de 118 incidents de violence publique, d’incendies criminels, de pillages et d’autres cas liés aux troubles depuis le début des troubles.

« Plus de 2 550 personnes ont été arrêtées en lien avec les troubles, et des dispositions spéciales sont mises en place pour garantir que ces cas soient prioritaires. » dit Ramaphosa qui a déclaré qu’au moins 212 personnes ont perdu la vie lors des violences, 180 dans le KwaZulu-Natal et 32 ​​dans le Gauteng.

« Le service de police sud-africain enquête sur 131 cas de meurtre et a ouvert des dossiers d’enquête concernant 81 décès« , a-t-il ajouté.

Toujours selon le président, Les rapports préliminaires compilés par NatJoints ont montré que des dommages importants ont été : 161 galeries marchandes et centres commerciaux, 11 entrepôts, 8 usines, 161 points de vente et distributeurs d’alcools et plus 30 camions brulés.

Un jour bien avant soit le 15 juillet, le maire d’eThekwini (Durban), Mxolisi Kaunda, avait déjà fait etat qu’environ 45 000 entreprises ont été jugées hors d’usage et estime que des propriétés d’une valeur de 16 milliards de rands (1.106.437 dollars américain) ont été pillées ou détruites lors des émeutes dans son entité, notamment des dommages aux infrastructures et à l’équipement.

Kaunda a déclaré : « Une estimation préliminaire de l’impact économique a révélé que les troubles avaient coûté 1 milliard de rands en termes de perte de stock et environ 15 milliards de rands en termes de dommages aux biens et équipements. » Il a ajouté qu’environ 45 000 entreprises, dont 5 000 commerçants informels, ont été gravement touchées par les émeutes. Les petites entreprises pourraient ne jamais se remettre de ce bouleversement », a-t-il regretté.

Selon certaines estimations (préliminaires), plus de 129.000 emplois sont menacés à Durban, les centres commerciaux, les usines et certaines industries ayant été réduits en cendres. Une grande partie des travailleurs dépendaient de ces établissements, et cela s’ajoutera désormais aux chiffres du chômage déjà en flèche dans le pays.

Le Président Cyril Ramaphosa a déclaré que les priorités du gouvernement étaient de stabiliser le pays et de sécuriser les fournitures et les infrastructures essentielles.

« Nous appelons tous les Sud-Africains à encourager le calme et la retenue, à s’abstenir de partager de fausses informations et à signaler immédiatement tout incident de violence à la police. En faisant ces choses de base, nous pouvons tous travailler pour protéger l’Afrique du Sud », a déclaré Ramaphosa.

A Durban par exemple, des centaines de pillards ont attaqué des entrepôts et des supermarchés, l’un des terminaux maritimes les plus fréquentés du continent africain et un important centre d’import-export. Les troupes se dirigeaient vers des points d’éclair alors que la police, en infériorité numérique, semblait impuissante à arrêter les troubles.

Pour rappel Mr Jacob Zuma, âgé de 79 ans, a été condamné le mois dernier pour avoir défié une ordonnance de la cour constitutionnelle de témoigner lors d’une enquête sur la corruption de haut niveau au cours de ses 9 ans au pouvoir soit dès 2009 jusqu’en 2018.

Alinda Banike Lucrece, Depuis Durban

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