Intervenons-nous

Vital Kamerhe,  president de l’Union pour la Nation Congolaise UNC, et ancien Directeur de cabinet de Félix Tshisekedi a distribué ses indemnités de sortie aux sinistrés de l’éruption de Nyiragongo, des intonations d’Uvira, aux sinistrés des massacres de Beni et Butembo, ainsi qu’a la réhabilitation du batiment de l’ISP parti en fumée .

Selon son directeur de cabinet, sur les 100.000 dollars américains  des indemnités recues, une somme de 15.000$  a été donnée aux victimes des atrocités à Beni et 15.000$ autre à ceux de Butembo, 15.000$ pour l’Institut Supérieur Pédagogique ISP/Bukavu, qui a connu l’incendie d’un de ses batiments, 15.000$ pour les sinistrés des inondations à Uvira et 40.000 aux sinistrés de la récente éruption volcanique.

Ce geste n’a pas laissé indifférent que ça soit les beneficiares ni même ses admirateurs.

Dans cette tribune,  l’abbé Kabazane fait l’éloge d’un homme qui a fait du bien partout où il est passé; même enprison.

Lorsque l’apôtre Pierre témoigne du Fils de Dieu chez Corneille, il ne se garde pas de souligner qu’il était un homme de bien. Le chrétien, un imitateur de Jésus, est aussi un homme de bien.

A une époque où le monde déplore une certaine ostentation vertigineuse des richesses , qui heurte la conscience collective et constitue ,par moment, une moquerie scandaleuse, on assiste positivement à une poussée merveilleuse de la culture du partage.

En effet, l’égoïsme entraine souvent la perte du sens de l’homme, de la communauté et de la destinée finale. Quand je partage les joies et les peines de mon semblable, j’avoue par là que nous sommes tous frères et soeurs , que leur humanité est la mienne et leur sort d’aujourd’hui, le mien demain. Ça rappelle ces mots du Poète grec Térence : » Je suis homme et rien d’humain ne m’est étranger ».

Les hommes et femmes de bien, il en existe et la Société devrait en susciter. Ils sont les médecins du mal pauvreté et injustice . Ils les guérissent par les actes de justice, de solidarité et de partage. Et les occasions d’en vivre abondent : c’est notamment les temps des calamités qui requièrent l’accueil, la protection, les soins et l’accompagnement des victimes.

Concrètement , puisque c’est son exemple que nous citons entre autres, du lieu de sa privation de la liberté, le prisonnier politique Vital Kamerhe vient d’offrir une vibrante catéchèse sociale articulée sur le thème:  » Tous les biens de ce monde sont à Dieu et faits pour tous ». Voyons comment :

Un incendie venait de balayer un grand bloc de l’Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu(ISP), le volcan Nyiragongo a fait déplacer des milliers, l’insécurité à Beni et Butembo a créé la désolation, l’inondation à Uvira,… Les projectiles de la société médiatique ont vite annoncé ces événements au monde afin de remuer les cœurs compatissants à venir en aide à ces compatriotes, devenus comme l’homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho tombé dans les mains des bandits (cf. LC 10, 29-37).

Parmi les actes de relèvement suscités par ces malheurs figure le don diligenté par un prisonnier politique condamné, Vital Kamerhe. Il a assisté les sinistrés et les victimes avec « ma modeste contribution », avait-il annoncé personnellement, appelant en même temps les autres Leaders à se pencher sur la situation. C’est de son indigence qu’il a pris, de ce qui lui restait pour vivre!

L’annonce de ce don avait évoqué chez moi la pensée de Saint Jean Chrysostome: » la véritable aide aux pauvres leur vient d’autres pauvres », c’est à dire des personnes convaincues d’être des intendants de Dieu, de qui elles tiennent l’être et l’avoir.

Mais Comment un prisonnier souffrant la maladie, l’exclusion et l’humiliation dans  » le filet de l’Oiseleur » , a pu penser faire cela, lorsque des mains noires s’activent à boucher ses horizons? C’est le coeur qui donne, me répondra -t-on et Dieu voit le coeur non la quantité donnée.

Un prisonnier au coeur grand et généreux qui oublie sa peine pour voir et entendre la misère d’autrui! N’est – ce pas cet homme fait prisonnier, qui avait encore été la planche de salut pour bien d’autres prisonniers à Makala, en payant ce qui manquait à certains pour quitter les quatre mûrs ? Le bien résonne fort !

A Vital Kamerhe collerait bien cette parole de l’épître aux Hébreux:
 » Souvenez-vous des prisonniers , comme si vous étiez aussi prisonniers ; de ceux qui sont maltraités , comme étant aussi vous-mêmes dans un corps »(13,3).

Quand on n’agit que pour Dieu, on n’a pas peur des ingrats, écrivait l’abbé Aloys Karhalya Makiro, un grand apôtre de la charité. De son côté, Vital Kamerhe, fait prisonnier de l’appétit politique des uns, nous dit que nous ne pouvons nous appeler frères, compatriotes, sans nous solidariser au sort des autres .

Saint Jean Chrysostome renforce :  » Quoi de plus froid qu’un chrétien indifférent au salut d’autrui? Tu ne peux pas évoquer ta pauvreté, car la veuve qui a donné deux piécettes t’accusera »(Homélies sur les Actes des Apôtres).

Vital Kamerhe, dis-nous donc le secret d’une action aussi salutaire en temps de souffrance. Tu nous dis mieux là que c’est celui qui se met au service du prochain en difficultés, maltraité, qui réalise mieux ce qui est requit pour hériter de la vie éternelle après ce pèlerinage . C’est cela être un bon Samaritain (Cfr. Lc 10, 29-37). Tu invite chacun à faire de même, car un peu de levain et toute la pâte lève (Cfr. Mt 13, 33 ).

Merci pour ce témoignage de vie d’oubli de soi. Le Pape Paul VI en concluant le deuxième Concile du Vatican soulignait vivement que l’homme d’aujourd’hui écoute plus le témoin que le Maitre et s’il écoute le Maitre, c’est parce qu’il est d’abord témoin . Un homme politique est et devrait être un témoin de la justice distributive et de la paix , tant il existe une certaine honte à être heureux tout seul.

Finissons par cette méditation de Saint Basile de Césarée sur le riche. Elle touche chaque homme, en ce sens que tout homme est riche et pauvre. Mais c’est du riche, grand possesseur, que nous allons parler.

Le riche n’est qu’un intendant .  » Homme! Sache qui t’a pourvu! Souviens-toi de toi-même :qui tu es , quel bien tu administre , de qui tu l’ as reçu , pourquoi tu as été préféré à la plupart. Un Dieu bon t’a fait son Serviteur: intendant de tes compagnons d’esclavage; ne crois pas que toutes choses aient été préparées pour ton ventre ! Comme pour des biens étrangers délibère sur ceux que tu as entre tes mains: ils te charment un peu de temps pour s’écrouler ensuite et disparaitre : mais il t’en sera demandé compte exact »( Homélie VI sur cette parole:  » je détruirai mes greniers « ).

Fustigeant l’homme égoïste et avare, qui croit ne faire du tort à personne en ne partageant pas son bien, le saint auteur poursuit:  » Tel un homme qui prendrait place dans un théâtre, et puis écartant ceux qui voudraient entrer, puisqu’il considère comme son bien propre ce qui est pour l’usage de tous: tels sont les riches.

Car , des biens communs, qu’ils ont occupés les premiers , ils font leurs biens propres , pour cette raison ils les ont pris d’abord . Si chacun , en effet, emportait seulement ce qui est requis pour son usage, et que le superflu il le laissât à qui est dans le besoin, personne ne serait riche, personne ne serait pauvre, personne indigent ».

Et à l’homme de Dieu de poursuivre:  » N’es-tu pas sorti nu du sein de ta mère ? Ne Seras-tu pas nu quand tu retourneras en terre? Les biens présents , d’où te sont-ils venus? Si tu dis  » du hasard », tu es un athée, car tu ne reconnais pas le Créateur , et tu ne sais pas gré à celui qui t’a pourvu.

Si tu confesse qu’ils viennent de Dieu, dis-moi la raison pour laquelle tu les a reçus . Est -ce que Dieu serait injuste , lui qui nous partage inégalement les biens nécessaires ? ».

Bénis , Seigneur ces femmes et ces hommes que l’amour de leurs frères et soeurs porte à partager ce qu’ils tiennent de toi. Le bien ne pourrit jamais!

Abbé Kabazane Nsibula Jean-Baptiste.

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