Intervenons-nous

La célérité avec laquelle le dossier Kamerhe est traité depuis son annonce au premier trimestre de l’année 2020 étonne plus d’un observateur.

En effet, un dossier qui était censé traiter de la disparition de plusieurs millions des dollars américains du Trésor public, n’a eu que quelques semaines avec à la clé quelques séances de plaidoirie, pour aboutir à des lourdes peines contre celui qui était encore le Directeur de Cabinet du Président Tshisekedi.

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20 ans des travaux forcés contre Vital Kamerhe et Sammy Jammal, alors que des enfants, femme et proches de Kamerhe, ont été soit condamné à la confiscation de leurs biens, alors qu’ils n’étaient pas parties au procès, étant des « simples » renseignants jamais transformés en prévenus.

Exploit réédité lors du récent procès en appel qui n’a pris que quelques jours. Cette fois, les avocats des prévenus n’ont même pas eu le droit de faire prévaloir leurs moyens de défense. La Cour d’Appel a tout simplement rejeté leur exception. Elle a même refusé d’accepter qu’on examine une demande de récusation des juges et a annoncé que la décision interviendra dans quelques jours.

Un procès qui était pourtant censé être exemplaire, mais qui s’est transformé en un procès expéditif, pour, visiblement répondre aux exigences de certains partenaires privilégiés de l’actuel régime de Kinshasa. Il s’agit principalement des États-Unis qui n’avaient jamais caché leur désamour envers Kamerhe.

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Rien qu’à voir les sorties médiatiques ou sur les réseaux sociaux de certains officiels américains, le sort de l’ancien Directeur de Cabinet était déjà scellé.

Le magazine belge lecho.be parle même d’une opération pour écarter « Kamerhe du pouvoir pour rassurer Washington ». Washington qui veut, avoir la main sur les minerais congolais par n’importe quelle voie et écarter la Chine.

En tout cas l’entourage du Président Tshisekedi reconnait que l’insistance de Washington ne pouvait plus leur permettre de reculer. Des sénateurs américains, des diplomates, des membres de l’administration américaine ont successivement pris parole pour saluer la condamnation de leur « bête noire ».

Mike Hammer, l’ambassadeur américain en RDC avait déjà donné le ton. Ses sorties et multiples agissements dans le procès dit des 100 jours ne faisaient plus l’ombre d’aucun doute. Il est considéré en RDC comme le conseiller principal du Chef de l’État, mieux, le Vice-Président du pays.

A Kinshasa on raconte que c’est lui qui est au centre du lobbying en faveur de Tshisekedi auprès de son administration, et l’actuel Président de la République voudrait être parmi les chouchous des États-Unis.

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« Il fera donc tout pour y parvenir. Même écarter ses plus fidèles. Ce n’est pas un nationaliste votre président. Il est emporté par tout le vent. Tout ce qui vient de l’occident est positif pour lui », commente un membre du Front Commun pour le Congo (FCC).

Un autre officiel américain dans nos murs à la veille de la condamnation de Kamerhe

La sous-secrétaire adjointe Chargée de la démocratie, des droits de l’homme et du travail, Lisa Peterson est arrivé en République Démocratique du Congo. Elle, vient particulièrement discuter avec les autorités congolaises et la Société civile sur « les moyens de mettre un terme à l’impunité et de faire en sorte que ceux qui commettent des abus soient tenus pour responsables », souligne la note du Département d’État américain.

L’émissaire du président Joe Biden vient officiellement participer au tout premier dialogue bilatéral sur les droits de l’homme entre Washington et Kinshasa.

Mais la condamnation du Président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) ressemble encore une fois à un signe « de bonne foi » présenté par Kinshasa dans son semblant de lutte contre la corruption.

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Pour nombreux congolais, Kamerhe est donc devenu une sorte de faire-valoir pour assurer aux partenaires que le Congo lutte contre la corruption et les détournements des deniers publics.

Kamerhe condamné, Tshisekedi a bien réussi à faire plaisir aux alliés occidentaux qui voyaient en Kamerhe, un allié gênant notamment sur les questions sécuritaires de l’Est du Congo, dont il maitrise parfaitement les enjeux. Il aura également fait plaisirs à des milliers des partisans de l’UDPS et de son entourage qui ne voulaient pas voir quelqu’un d’autre émerger aux côtés de l’actuel Chef d’État.

De l’autre côté, Tshisekedi venait de créer un fossé énorme entre plusieurs couches des congolais. La conséquence ne se fera pas peut-être sentir directement!

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En attendant, les congolais attendent déjà des tweeets et des félicitations de l’administration américaine. Ils y sont déjà habitués. C’est eux, visiblement qui dirigent leurs « négro ».

Jean-Luc M.

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Un commentaire

  1. Rwabashosi on

    Il est induit en erreur pour que demain l’on trouve un alibi pour le demettre aussi.
    D’ailleurs la roue tourne déjà en refusant la candidature de membre non permanant au Conseil de Sécurité.

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