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Tout commence à 10 heures locales; quand les alentours du bâtiment abritant l’organe délibérant sont bondés des pros Ngwabidje avec des calicots de soutien. Des jeunes recrutés de partout dans la ville se joignent à d’autres de l’AFDC-A de Bahati Luwebo déjà mobilisés pour soutenir leur camarade visé par la motion.

Dans l’enclos de l’assemblée provinciale, on constate un nombre important des personnes amassées en petits groupes. La tension et le suspens se lisent sur les visages des uns et des autres.

A midi, le chef de l’exécutif provincial foule ses pieds dans l’enclos de l’organe délibérant. Comme d’habitude, il est accueilli dans le cabinet du président de l’organe délibérant avant de signer son entrée quelques minutes après; dans la salle des plénières.

Suivra l’entrée du bureau définitif de l’assemblée provinciale, à la tête Zacharie Lwamira accompagné par tous ses quatre collaborateurs.

La séance plénière est ouverte. Le rapporteur passe au perchoir pour l’appel nominal des députés. Sans surprise, le quorum est atteint avec un nombre important de 44 députés présents dans la salle. Zéro absence et 4 excuses.

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La séance poursuit donc son cours normal. Place à l’annonce des points inscrits à l’ordre du jour. Des députés souhaitent que tous les autres points inscrits soient relégués de l’ordre du jour pour ne retenir que l’examen de la motion contre le Gouverneur de province.

Le débat s’ouvre, les députés motionnaires sont invités à présenter les griefs reprochés au chef de l’exécutif provincial.

Le premier à prendre la parole au compte des motionnaires, c’est le député Georges Musongela. Celui-ci peint un tableau sombre de la gestion du Gouverneur Théo Ngwabidje depuis son accession à la chose publique.

Secteur par secteur, de la politique à l’économie en passant par la sécurité, le social et les infrastructures, Georges présente une situation alarmante en appelant ses collègues de voter massivement pour la motion.

Il est complété par son collègue, le député Bisimwa Batandi, qui lui trace une ligne rouge de gestion de Théo Ngwabidje. Des irrégularités dans tous les contrats de Partenariat public-privés; des spoliation des biens publics de l’état et des détournements des dons des sinistrés par le Gouverneur font le nœud de l’exposé de celui-ci.

Puis suivra Albert Kahasha connu sous le nom de Foka Mike, qui présente les défaillances de l’actuel Gouverneur du Sud-Kivu sur le plan sécuritaire. Fin de la présentation des motionnaires.

Place aux élus provinciaux de réagir et ou compléter leurs collègues motionnaires. Des députés présumés soutenir le Gouverneur de part leurs interventions passent un à un au perchoir pour l’exercice.

Dans leurs interventions, des questions « orientées » et moins compliquées, tendant à ouvrir une brèche pour le Gouverneur sont posées par ces derniers.

Suivra le moment où le chef de l’exécutif provincial est invité au perchoir pour ses éléments de réponse. Très serein et déterminé Théo Ngwabidje se pointe devant les députés provinciaux.

Un peu dépassé par les événements, Théo Ngwabidje d’entrée de jeu commence par décrier le fait que cette deuxième motion intervienne quelques jours seulement après le rejet de la première; intervenue en décembre dernier. Il regrette le fait de n’avoir pas eu un temps suffisant pour améliorer sa gouvernance de part la petite période qui vient de s’écouler.

Les premières paroles du chefs de l’exécutif provincial font croire à un acharnement pure et simple.

Sans déroger à la règle, Théo Ngwabidje passe à la présentation des éléments de réponse. Comme les motionnaires, le Gouverneur touche tous les secteurs, balayant d’un révère de la main tous les griefs retenus contre lui. Il ne cesse de parler d’un acharnement contre sa personne.

Mais que dire du déroulement de cette plénière qui a vu le Gouverneur de province survivre malgré la détermination de ses détracteurs comme les appellent ses lieutenants ?

A voir le contexte dans le quel s’est tenue cette plénière, comparativement à d’autres plénières, tout porte à croire que l’évincement du Gouverneur n’était pas à l’ordre du jour.

De l’extérieur jusqu’à l’intérieur de l’enceinte de l’organe délibérant, sont les pros Gouverneur qui étaient visibles partout. Ce qui est visiblement différent de la fois passée lors de l’examen de la première motion où aucune certitude n’était possible sur le maintien ou nom du locataire de Nyamoma.

De la présence des députés dans la salle des plénières, l’on note un plan bien conçu pour la cause. En effet, 44 sur les 48 que compte l’assemblée provinciale étaient présents dans la salle, y compris des députés physiquement malades.

Ce qui est contraire aux multiples plénières qui se tiennent dans cet organe délibérant de la province. Plusieurs personnes se sont interrogées sur la présence des figures qui viennent rarement dans les plénières et qui font souvent que des plénières avortent faute de quorum.

De la police du débat, l’on note un changement dans le chef du Président de l’organe délibérant par rapport à la fois passée.

On pouvait voir un Lwamira un peu sensible aux députés qui voulaient charger le chef de l’exécutif provincial. Un président du bureau très vigilant et prêt à ne laisser des dérapages passés.

Tout allait dans le sens de ne permettre aux  » détracteurs » du Gouverneur le charger d’avantage. La parole accordée avec un œil regardant sur le timing. Ce qui est vraisemblablement contraire à la plénière d’incertitude vécue le 26 décembre 2020; où on pouvait voir la parole accordée à qui le veut et en user aisément sans respecter aucun du timing.

Très serein et sûr de lui-même, Ngwabidje traite  les députés motionnaires des populistes

De l’attitude du Gouverneur devant les élus provinciaux, on ne pouvait pas s’en douter sur son assurance. Devant les députés on pouvait voir un Théo Ngwabidje dans la peau d’un Gouverneur un peu « arrogant ».

Avec tous les mots fixes et directs qualifiant la démarche des députés motionnaires d’un « acharnement » et du « populisme ».

Cette attitude a laissé croire que le Gouverneur était déjà rassuré que rien ne lui arriverait même s’il se comportait d’une manière ou d’une autre.

Du vote de la motion, on signale qu’une tension a été observée dans le chef des élus provinciaux. Certains très « agités » ne juraient que sur un vote à bulletin secret dans un isoloir restreint; et ou chaque député pouvait être seul pour voter avec aisance.

D’autres visiblement des motionnaires s’y sont opposés soutenant l’idée d’un vote secret mais dans un isoloir qui permet aux collègues députés de voir l’endroit où se fait le vote. Selon eux, très souvent les députés votant se font prendre des photos avec des bulletins de vote et qu’ils envoient à leurs corrupteurs pour justifier les fonds reçus pour la cause.

Après un long débat, un consensus a été trouvé sur la méthode du vote. Les élus ont alors voté dans un isoloir installé dans la salle mais qui était à la portée de tous et où on ne pouvait pas se prendre une photo.

Le vote ayant été effectué, le Gouverneur a survécu à cet exercice parlementaire malgré les griefs retenus contre lui.

Autre situation qui a laissé des doutes c’est le fait pour les députés motionnaires de s’être soustrait de parler à la presse.

Lire aussi: Sud-Kivu: la motion de défiance contre le Gouverneur a été rejetée par 24 députés sur 44 votants

En effet, d’habitude lors d’une pratique pareille, les initiateurs s’accordent à la presse pour soit saluer le résultat ou dénoncer d’autres faits. Mais pour cette fois, les motionnaires ont disparus dans l’enceinte de l’organe délibérant quelques minutes seulement après le vote, laissant la place aux djalelos du Gouverneur agrémenté la salle des plénières. Avaient-ils déjà le résultat du vote avant le comptage ou ils étaient simplement déçus ?

En voyant tous ces scénarios et les contours de la tenue de la plénière, des analystes croient à un plan qui n’était qu’à sa phase d’exécution; et qui n’avait rien à voir d’une plénière d’examen de la motion contre Théo Ngwabidje.

« De toutes les façons, le Gouverneur Gouverneur Ngwabidje garde son fauteuil et une deuxième chance lui est offerte pour s’amender » a lancé un citoyen ayant assisté à la plénière.

Jean-Luc M.

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