Intervenons-nous

Le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme BCNUDH, dit avoir documenté plusieurs causes des discours haineux en République Démocratique du Congo.

Pour ce Bureau Onusien, ces discours sont pour la plupart favorisés par quatre facteurs : le contexte de fragilité (politique, social, économique, sanitaire, etc.) exacerbé par des dérives liées à la compétition politique; la faiblesse du cadre institutionnel formel de gestion pacifique des conflits fonciers et intercommunautaires, en particulier dans les provinces affectées par les conflits armés ; l’impunité pour les violations et atteintes aux droits de l’homme ; et la marginalisation, les méfiances réciproques et la discrimination envers certains groupes.

« Les discours de haine sont particulièrement préoccupants dans des contextes aussi fragiles que celui de la République démocratique du Congo dans la mesure où ils sèment les graines de la suspicion et de la méfiance entre communautés ; légitiment l’exclusion, les inégalités et la discrimination ; et nourrissent le ressentiment et la défiance auprès des communautés victimaires. Or, plusieurs études montrent que les inégalités et discriminations entre groupes sociaux, l’exclusion sociale, l’exploitation illégale des ressources naturelles ainsi que la politisation des services et de la sécurité peuvent conduire à des griefs collectifs »,

Et de poursuivre:

« Ces griefs et ressentiments collectifs peuvent par la suite déclencher la violence, en particulier dans des contextes de faible capacité de l’État ou de violations et abus des droits de l’homme. Le risque est d’autant plus élevé pour la République démocratique du Congo que le pays figure depuis plusieurs années, selon l’index des Etats fragiles, parmi les pays où les griefs collectifs sont les plus élevés au monde », poursuit le BCNUDH.

Le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme rappelle que c’est depuis 2019, que la fragilité de la République démocratique du Congo s’est notamment caractérisée sur le plan national par l’accentuation des tensions entre les coalitions de partis politiques, en particulier entre le Cap pour le Changement (CACH) et le Front commun pour le Congo (FCC).

Ces tensions ont notamment vu le jour autour des projets de loi sur la réforme judiciaire ; la désignation du bureau de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) ainsi que de son probable future président ; et des nominations à des postes au sein de plusieurs institutions administratives et judiciaires.

Il souligne aussi que le contexte de fragilité sur le plan sanitaire de la République démocratique du Congo a favorisé également la propagation des discours haineux.

Ainsi, le BCNUDH a noté des discours et messages incitatifs à la haine sur les réseaux sociaux et dans des enregistrements audio en lien avec l’épidémie à virus Ebola dans la province du Nord-Kivu et lors de la survenue de la pandémie de la COVID-19.

A partir de janvier 2019, le BCNUDH a documenté plusieurs messages à travers divers canaux de communication issus de la communauté Nande et accusant les « non-originaires » de la province du Nord- Kivu d’avoir importé la maladie à virus Ebola dans la province dans le but de les exterminer.

Ces messages avaient par ailleurs donné lieu à des attaques contre les convois de l’équipe de riposte.

Au Sud-Kivu, en avril 2020, une femme de nationalité burundaise visitant Bukavu dans le cadre d’une cérémonie de mariage avait été accusée, malgré la présentation d’un test négatif, d’avoir été missionnée pour infecter la population d’Uvira.

Abiud Olinde

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