Intervenons-nous

C’est une vague d’indignations qui s’observe ce dernier temps dans la ville de Kamituga en territoire de Mwenga; après que le Gouverneur du Sud-Kivu ait attribué une parcelle à un opérateur économique, au quartier Malupango.

Selon cet arrêté du 4 novembre 2020 dont Laprunellerdc.info a pu se procurer une copie; une parcelle de 32m X 16 a été attribuée à M. Lugendo Kikuni Selemani, pour y construire sa résidence.

Pourtant, ce quartier est la résidence des agents de l’ex-SOMINKI, la Société Minière et Industrielle du Kivu, en liquidation. Une majeure partie est actuellement occupée par des agents de l’Etat. Ces anciens travailleurs, et leurs enfants, dénoncent depuis septembre 2020; la vente de leurs maisons par la Société Minière du Congo (SOMICO).

Le Gouverneur Théo Ngwabidje avait même suspendu les activités de la SOMICO sur toute l’étendue du Sud-Kivu; et l’avait interdit de procéder à l’aliénation des biens mobiliers et immobiliers de l’ancienne SOMINKI.

Cette fois, c’est le Gouverneur lui-même qui est visé. De anciens agents de la SOMINKI et des notables de Kamituga, qualifient de « vente » l’attribution faite par le Gouverneur, de cette parcelle à M. Lugendo Sulemani.

«La population de Kamutuga s’oppose à la vente des parcelles par le Gouverneur Théo Ngwabidje. Depuis longtemps nous disons non à la vente des parcelles où vivaient des agents de l’ex SOMINKI; mais personne ne nous écoute, et les mêmes autorités poursuivent la vente; parce que les parcelles n’ont pas de propriétaire, et elles ne sont pas cadastrées. C’est ainsi que celui qui a de l’argent va chez le Gouverneur, et il lui attribue sa part.» dit Anselme Djugu, un notable de Kamutuga.

Celui-ci pense cependant que les habitants ne devraient pas s’attaquer à l’acheteur; «mais plutôt à celui qui a vendu la parcelle, contre son arrêté en vue de son annulation.»

Colère des ex-travailleurs
marche des ex-travailleurs de la SOMINKI à Kamituga, lundi 1er février 2020. Ph. Laprunellerdc.info

Bazika Dieudonné est un fils d’un travailleur de l’ex-SOMINKI. Il estime que le Gouverneur est responsable du désordre foncier qui s’observe actuellement à Kamituga; départ son arrêté «qui viole également l’article 110 du Code de Travail ».

«Nous, les enfants des ex-travailleurs de la SOMINKI, dénonçons cette énième dérive de spoliation dont nous sommes victimes; surtout que l’Etat congolais n’a jusque-là jamais initié la procédure de la démarche d’octroi du décompte final en faveur de nos parents. Par explication de l’article 110 du code du travail, il est très simple de comprendre qu’il justifie le fait que nos parents et nous leurs dépendants continuons à occuper les dernières maisons de fonction; et dans la logique tous ces bureaux, hôpitaux, centrale hydraulique, MRK dont est question de spoliation; le cas échéant et autres ne peuvent pas être affectés sans impliquer dans toutes les démarches les anciens travailleurs; qui sont amortis à cause de celle-ci, sans leur décompte final.» dit-t-il.

Également, des travailleurs de l’ex-SOMINKI et leurs enfants sont descendus dans la rue ce lundi 1er février 2021 à Kamituga. Ces derniers fustigent le comportement de l’état congolais, qui selon eux continue à leur ravir tous les biens que la société SOMINKI avait laissé.

Alors que, rappellent-ils, la loi est claire «qu’en cas de faillite ou de liquidation d’une entreprise; les travailleurs ont rang de créanciers privilégiés sur tous les autres créanciers, y compris le Trésor Public. Ce privilège s’exerce sur les biens meubles et immeubles de l’employeur. Et les salaires doivent être payés intégralement, avant que les autres créanciers ne revendiquent leur quotepart.»

Dans ce mémorandum, ces derniers ont demandé  au Gouverneur d’annuler l’arrêté provincial: qui attribue ladite parcelle à cet opérateur économique de la place. Ils ont promis de reprendre des actions de grande envergure; si rien n’est fait dans le plus bref délai.

Entre-temps, un silence total s’observe du côté des autorités concernées, et aucune explication n’a encore été fournie au sujet de cet arrêté.

Shukuru Alain et Mukamba Mulebelwa, depuis Kamituga

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