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Le Docteur Denis Mukwege a encore une fois rappelé que la lutte contre l’impunité des crimes graves est un puissant instrument pour favoriser la paix et le développement de la République Démocratique du Congo.

Devant des centaines des femmes venues participer à la cérémonie de remise officielle des 42 maisons aux survivantes des violences sexuelles, Denis Mukwege rappelle par exemple que depuis la condamnation d’un groupe auteur des viols sur enfants, Kavumu totalise 3 ans sans un seul autre cas de ce genre.

Pour Denis Mukwege, Kavumu est un grand symbole des femmes fortes, celles « qui peuvent changer l’histoire de notre pays ».

« En 2013 c’était la première fois que je reçois un enfant d’environs 3 ans qui a été violée. Quand le nombre de 20 enfants violé a été atteint, je suis arrivé ici et j’ai demandé où sont allés les hommes pour que les enfants souffrent. Et ce jour-là, j’ai vu la force qui était en vous. Vous avez indexé clairement le représentant du Parquet présent qu’il libérait des violeurs moyennant 100 dollars. Et là, j’ai vu que vous étiez des femmes fortes, capables de vous battre. Vous m’avez alors demandé de vous aider pour mettre fin à ce drame. Ensemble, nous avons commencé le plaidoyer jusqu’au procès que nous avons eu ici », rappelle le Prix Nobel de la Paix 2018.

Depuis trois ans, se réjouit Denis Mukwege, ces viols ont cessé à Kavumu. 3 ans, exactement qui coïncident avec l’arrestation et la condamnation du député Frédéric Batumike Rugimbanya et plusieurs co-accusés pour après avoir été reconnus coupables de meurtre, création d’une milice dénommée « Jeshi la Yesu » et des viols sur mineures.

«Laissez-moi vous rappeler une chose : depuis que ce groupe a été incarcéré, nous n’avons plus reçu  un seul enfant violé venant de Kavumu. Nous avons eu plus de 50 enfants de moins de 5 ans violés. Mais depuis que vous vous êtes levées pour mettre fin à cela, ceux qui commettaient ces crimes ont été cités et amenés en justice puis condamnés et la série des viols s’est arrêtée», insiste Mukwege.

Un exemple à suivre en République Démocratique du Congo

L’exemple de l’ancien député provincial condamné pour des crimes graves dont le viol doit être le modèle pour l’ensemble de la République Démocratique du Congo, clame haut et fort « l’homme qui répare les femmes ».

Pour le Docteur Denis Mukwege, si les atrocités persistent au pays, c’est parce que ceux qui ont commis des crimes ne sont pas poursuivis.

« L’impunité est au rendez-vous. Quelqu’un peut se réveiller et décider de vous chasser de chez-vous parce qu’il est plus fort que vous et les gens observent impuissants. Ce n’est pas normal, ceci doit changer. La justice doit être distributive. Nous voulons tous la justice. Si nous continuons dans cet état où quelqu’un vous rappelle qu’il a tué une autre personne comme vous sans que rien ne lui arrive, ça ne peut pas marcher. Ça doit s’arrêter. Cela ne peut pas s’arrêter si nous tous congolais, ne nous levons pas comme les habitants de Kavumu se sont levés pour dire non aux viols des enfants », insiste encore l’homme de Panzi, qui dénonce encore et toujours « l’impunité ».

La paix passe par la justice car sans cette dernière, il n’y a point de développement.

« Les tueurs et violeurs sont connus mais restent intouchables parce que hauts placés. C’est pourquoi je suis à Kavumu pour vous demander de rester braves. Vous n’avez pas besoin d’être riches pour sauver le pays, mais seulement du courage. Il n’y a pas de paix sans justice, pas de développement sans paix» a-t-il conclu.

Le 1er Octobre prochain, le Docteur Mukwege a appelé à une grande mobilisation pour demander la fin de l’impunité par l’application des recommandations du rapport Mapping de l’ONU. Un rapport qui retrace des graves violations des droits humains entre 1993 et 2003. Ce 1er octobre, il totalisera dix ans.

Jean-Luc M.

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