Dans une déclaration adressée au président Félix Tshisekedi, la Société civile du Sud-Kivu appelle à la transparence, à la justice et à la réparation en faveur des populations victimes des conflits armés dans l’Est de la République démocratique du Congo. Ce plaidoyer s’inscrit dans le contexte d’un rapport couvrant la situation sécuritaire et sociale de la province entre février et mai 2025.
Signée par Me Néné Bintu, la déclaration rappelle les engagements pris par le chef de l’État lors de son investiture, le 20 janvier 2024, notamment celui de « promouvoir la paix, défendre les droits humains et servir l’intérêt général ». Elle exprime la déception des communautés locales face à la persistance de l’insécurité, en particulier dans les zones sous menace du M23 et de l’armée rwandaise.
Rupture d’unité nationale et absence de l’État
La Société Civile souligne une fracture nationale croissante, pointant l’absence remarquée de l’ancien président Joseph Kabila à l’investiture de 2024, contrairement à celle de 2019, et son séjour dans une zone contrôlée par les rebelles. Elle déplore également l’effondrement de l’autorité de l’État, l’inefficacité des FARDC, et les dérives de certains éléments Wazalendo, laissés sans encadrement ni coordination, malgré les mobilisations de fonds à leur intention.
« Même dans les zones sous contrôle du gouvernement, la population souffre », note la déclaration, soulignant une crise généralisée : manque d’accès aux soins, éducation défaillante, salaires misérables, infrastructures délabrées, exploitation illégale des ressources naturelles et une crise humanitaire ignorée.
Justice affaiblie, corruption généralisée
Tout en saluant les efforts diplomatiques du gouvernement, la déclaration dénonce une justice sélective et corrompue. Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, pourtant porteur d’espoir après les États généraux de la justice en 2024, est lui-même cité dans des scandales de corruption.
« Le pillage de l’État est devenu une pratique banalisée, presque compétitive », dénonce la Société Civile du Sud-Kivu.
Par ailleurs, la Société Civile regrette l’exclusion du Parlement et des organisations citoyennes des processus de paix comme ceux de Luanda, Nairobi, Lomé ou Doha, et exige leur implication directe. Elle plaide pour une transparence totale dans les discussions, à l’image de la couverture médiatique du conflit ukrainien.
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Elle salue par ailleurs l’initiative américaine sur les minerais stratégiques, mais demande des garanties pour que ces ressources ne continuent pas à financer les agresseurs. Elle relance également la nécessité d’un « plan Marshall » congolais, et rappelle qu’une proposition d’édit provincial sur l’indemnisation des communautés affectées par l’exploitation minière est restée lettre morte.
« Le peuple est déçu, souffre, et réclame justice et réparation pour les crimes commis par le Rwanda et ses alliés », conclut la déclaration. Pour la Société Civile, la paix durable passe par la restauration de l’autorité de l’État, la fin de la corruption, la transparence dans la gouvernance et une justice équitable pour tous.
VN