Le Tribunal militaire de garnison d’Uvira a tenu une audience publique très attendue, consacrée à l’examen de huit dossiers, dont deux affaires de meurtre impliquant un commandant des « Wazalendo » et un soldat des FARDC. Sous la présidence du magistrat major Jean Marie Muanza Kanyiku Mukinayi, la justice militaire s’est penchée sur des crimes qui ont profondément choqué l’opinion locale.
Le premier dossier oppose le ministère public au soldat Byamungu, des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Il est accusé d’avoir tué Mariam Byayesu, qualifiée de « personne moralement faible » (PMF).
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Selon l’acte d’accusation, le crime aurait été commis avec préméditation, ce que conteste vigoureusement la défense. Les avocats du prévenu ont plaidé l’acquittement, dénonçant un manque d’éléments probants.
Le ministère public, de son côté, a requis la peine capitale, soulignant la gravité des faits et le devoir exemplaire des forces armées en temps de paix.
La deuxième affaire concerne Kanani Kabeya, présenté comme un commandant des « Wazalendo ». Il est poursuivi pour le meurtre du major Salumu Tambwe, officier des FARDC égorgé le 4 avril 2025 à Sange, dans la plaine de la Ruzizi.
Le ministère public et la partie civile affirment que le prévenu serait également impliqué dans des violences graves contre un autre officier, le major Ilunga. Ils ont tous deux réclamé la peine de mort, ainsi que des dommages et intérêts estimés à 350.000 dollars américains :
- 200.000 $ pour la famille du défunt major Tambwe ;
- 150.000 $ pour le major Ilunga, survivant mais grièvement blessé et traumatisé.
La défense a plaidé l’acquittement, dénonçant l’absence de preuves irréfutables et mettant en garde contre une décision fondée sur l’émotion.
Après avoir entendu les deux parties, le tribunal militaire a mis les affaires en délibéré. Le verdict sera rendu le mardi 23 septembre 2025, lors d’une nouvelle audience publique attendue par les familles des victimes, les militaires et les habitants de la région.
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Ces deux affaires illustrent la complexité du contexte sécuritaire à Uvira et mettent en lumière l’exigence de justice et de redevabilité au sein des FARDC comme des groupes armés associés. Alors que la population réclame des sanctions exemplaires, le tribunal militaire se retrouve face à un test majeur d’impartialité et de rigueur judiciaire.