L’Association des Femmes des Médias (AFEM) a documenté un total de 40 cas de violences sexuelles et basées sur le genre (VSBG) à l’égard des femmes et des filles dans les territoires de Mwenga, Walungu et Kalehe, entre janvier et novembre 2024. Parmi ces cas, figurent quatre viols et un féminicide, selon un communiqué rendu public le vendredi 6 décembre 2024 par AFEM.
Les données proviennent des noyaux clubs d’AFEM, des structures locales engagées dans la promotion des droits humains. Ce bilan alarmant met en lumière des violences de plus en plus fréquentes et graves dans cette région de la République Démocratique du Congo.
L’AFEM a également documenté cinq cas de féminicide, dont deux femmes tuées par balles et trois autres torturées et lynchées par la population à Luhwinja, dans le territoire de Mwenga, en octobre 2024. Deux autres femmes accusées de sorcellerie sont actuellement en fuite, tandis que d’autres victimes de ces violences vivent en clandestinité, sans espoir de retour dans leurs villages.
En octobre 2024, le noyau de Mushinga, dans le territoire de Walungu, a documenté 23 cas de femmes accusées à tort de sorcellerie. Ces femmes ont subi des traitements inhumains et ont été expulsées de leurs communautés, certaines étant forcées à vivre loin de leurs familles, par crainte de représailles.
Les violences sexuelles sont également une réalité tragique dans cette région. Le 29 janvier 2024, un cas de harcèlement sexuel a été documenté sur l’axe Kalehe, où une élève de secondaire a été contrainte d’abandonner ses études.
Le 16 mars 2024, une femme a été incarcérée avec des hommes au cachot de la police nationale congolaise, et le 30 mars, une fillette de 3e année primaire a été violée par un adulte d’environ 60 ans.
En mai, une jeune fille a été violée par un homme armé, qui a également dérobé toutes ses possessions.
Quelques jours après, une femme a été torturée dans un sous-commissariat de police pour avoir retenu des chèvres errantes dans son champ. En juin 2024, à Lhusi, un homme a tué sa mère biologique à coups de machette, tandis qu’à Mbinga Nord, un militaire a tué sa femme sans raison apparente.
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Le 22 septembre 2024, à Lhusi, un motard a grièvement blessé sa femme après une dispute concernant de l’aide alimentaire. Le mari, ayant pris toute la nourriture distribuée par une ONG pour la vendre, a violemment réagi lorsque sa femme lui a posé une question à ce sujet.
Face à ces violences, l’AFEM appelle les autorités locales de Kalehe, Mushinga et Luhwinja à promouvoir activement les textes législatifs protégeant les droits des femmes et à mettre en place des mécanismes favorisant leur participation à la gestion des affaires publiques.
Elle exhorte également les autorités judiciaires à rechercher et sanctionner les auteurs de violences sexuelles et basées sur le genre, en menant des audiences publiques afin de sensibiliser la communauté et dissuader les potentiels auteurs.
Enfin, l’AFEM appelle la Société civile à renforcer ses actions de sensibilisation sur la prévention des violences sexuelles et basées sur le genre afin de lutter contre ce fléau qui touche de nombreuses femmes et filles dans la région.
Par Suzanne Baleke