Intervenons-nous

Une pétition citoyenne menée par le Front Anti-Dialogue a franchi un seuil majeur en République Démocratique du Congo : près d’un million de signatures ont été récoltées en un peu plus de trois mois pour rejeter tout dialogue politique jugé inutile ou antidémocratique. Cette mobilisation, inédite par son ampleur, se présente désormais comme un mandat populaire contre les initiatives de pourparlers en cours.

Lancée le 17 août 2025, la pétition s’oppose aux dialogues organisés « en pleine législature » et sans consultation préalable de la population.

Son coordonnateur, Dieudonné Nkishi, également président du parti Congo Positif, a célébré samedi dernier à Kinshasa ce qu’il qualifie de victoire de la volonté populaire. Il estime que l’adhésion massive confère à leur démarche une légitimité constitutionnelle indiscutable.

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Devant les militants réunis à la Place Reine Astrid, M. Nkishi a réaffirmé son rejet de tout processus politique « éloigné de l’intérêt général ». Le porte-parole du Front, Héritier Ekoto, a renchéri, présentant le million de signatures comme l’expression d’un « refus clair du brassage, du mixage et de toute forme de dialogue politique mascarade ».

Cette mobilisation intervient alors qu’un dialogue national inclusif sur la situation en RDC et dans la région des Grands Lacs est déjà programmé pour le 27 janvier 2026 à Lomé, au Togo, conformément aux accords négociés à Washington entre la RDC et le Rwanda.

Dans un geste symbolique, le secrétaire général du Front Anti-Dialogue a remis un carton contenant l’intégralité des signatures à Dieudonné Nkishi, qui a immédiatement transformé cette étape en pression politique.
Il a lancé un appel direct au président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, lui demandant de « suspendre toute initiative liée au dialogue politique ».

Pour le Front Anti-Dialogue, ces chiffres démontrent un mécontentement national profond face aux pourparlers jugés infructueux.

Dieudonné Nkishi cite même de récents sondages attribués à un « institut sérieux »  selon lesquels 64 % des Congolais seraient opposés à la forme actuelle du dialogue.

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Le mouvement ne compte pas s’arrêter à la pétition. Il prévoit de la soumettre officiellement aux plus hautes autorités et d’intensifier une campagne de mobilisation des jeunes pour la défense de l’intégrité territoriale du pays.

En combinant mobilisation populaire et cadre légal, le Front Anti-Dialogue crée un nouveau rapport de force dans le débat national. L’initiative de Lomé se retrouve désormais fragilisée par cette contestation publique grandissante.
Le président Tshisekedi est ainsi placé face à une décision cruciale : poursuivre un dialogue régional soutenu par la communauté internationale, ou répondre à un rejet de plus en plus affirmé au sein d’une partie de l’opinion congolaise.

Joseph Aciza

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