Le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Constant Mutamba, a annoncé ce 17 juin 2025, tard dans la soirée, sa démission au Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi. Cette décision survient après l’autorisation de poursuites judiciaires à son encontre, accordée par l’Assemblée nationale sous la présidence de Vital Kamerhe.
Quelques jours plus tôt, le Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde Mambu, avait interdit à Mutamba de quitter Kinshasa, dans le cadre d’une enquête pour détournement présumé de 19 millions de dollars américains. Ces fonds étaient destinés à la construction d’une prison à Kisangani, projet attribué à une entreprise rwandaise dont l’existence même est contestée par le parquet.
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L’annonce de sa démission marque une fin abrupte pour celui qui se voulait le visage jeune de la modernisation de la justice congolaise. Durant son mandat, Constant Mutamba s’était engagé dans plusieurs réformes majeures, notamment :
- La lutte contre la corruption et la promotion de la bancarisation des salaires ;
- Le plaidoyer pour la réintroduction de la peine de mort dans certains cas graves ;
- La réforme du barreau et le renforcement du statut des magistrats ;
- La création d’un nouveau parquet financier chargé des crimes économiques.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes saluent ses initiatives mais dénoncent aussi son excès d’ambition et sa volonté de monopoliser l’espace public. « Il avait l’occasion de montrer qu’on peut gouverner autrement. Il a préféré la scène au fond. Aujourd’hui, il récolte en partie ce qu’il a semé », écrit un utilisateur sur X (anciennement Twitter), appelant la jeunesse politique à « plus de vision et de responsabilité ».
Cette annonce intervient dans un contexte de fortes tensions sécuritaires, en particulier dans l’est du pays (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri), où les institutions sont appelées à renforcer leur crédibilité.
Selon la procédure, la démission doit encore être formellement déposée auprès du gouvernement. Si elle est acceptée, elle marquera officiellement le retrait de Constant Mutamba de la scène exécutive.
Reste à savoir si l’ancien ministre, désormais sous le coup de poursuites judiciaires, sera jugé ou non, voire placé en détention. Une éventualité que seul le cours de l’affaire pourra confirmer.