Intervenons-nous

    Depuis le 15 février 2025, la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), notamment dans la plaine de la Ruzizi, s’est fortement détériorée. Selon l’Association Contre le Mal et pour l’Encadrement de la Jeunesse (ACMEJ), les localités de Kamanyola, Katogota et Luvungi sont devenues des zones de conflit intense, opposant des groupes armés locaux, les Bazalendo, aux militaires des Forces armées de la RDC (FARDC).

    L’ACMEJ indique que certaines sources affirment que ces militaires loyalistes agiraient pour le compte du M23, groupe rebelle soutenu par l’armée rwandaise. Les violents affrontements ont provoqué d’importantes pertes en vies humaines, tant chez les militaires que dans la population civile. D’après les informations recueillies par l’ACMEJ, les combats ont culminé les 18 et 19 février, lorsque les rebelles du M23 ont pris successivement le contrôle de Kamanyola et de Katogota, provoquant un exode massif.

    Un exode périlleux : des réfugiés démunis et livrés à eux-mêmes

    D’après les enquêtes menées par l’ACMEJ, un grand nombre d’habitants ont traversé la rivière Ruzizi pour se réfugier dans la province de Cibitoke, au Burundi, principalement à Rugombo et Cibitoke-ville. Toutefois, leur situation demeure précaire. L’ACMEJ affirme que ces réfugiés n’ont reçu aucune assistance humanitaire, en dépit de la présence d’organisations internationales et d’agences onusiennes.

    Toujours selon l’ACMEJ, ces réfugiés contestent la proposition du HCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) qui souhaite les transférer vers des camps situés loin de la frontière congolaise. Ils expriment leur volonté de rester proches de la RDC, dans l’attente d’une stabilisation qui leur permettrait de regagner leurs villages.

    Une traversée mortelle

    L’ACMEJ rapporte que dans leur fuite, plusieurs civils ont tenté de traverser la rivière Ruzizi à la nage, faute de pouvoir s’acquitter du prix imposé par la Direction Générale de la Migration (DGM) de Luvungi pour la traversée en pirogue. Le coût prohibitif de 20.000 francs congolais (environ 6 USD), jugé excessif par les populations en détresse, a conduit 27 personnes à périr noyées dans la rivière Ruzizi entre le 15 février et fin février 2025.

    Lire aussi: Mwenga : une crise humanitaire et sécuritaire à Luindi à la suite des affrontements entre « Wazalendo »

    L’ACMEJ pointe du doigt la DGM de Luvungi, qu’elle accuse de pratiquer des tarifs inaccessibles en pleine crise humanitaire. Elle appelle cette dernière à réduire ses tarifs à un maximum de 5000 francs congolais, afin de permettre aux populations en détresse de traverser en toute sécurité.

    Un conflit qui paralyse toute la région

    D’après les observations de l’ACMEJ, le 27 février 2025, de Katogota jusqu’à Kamanyola, de nouveaux affrontements ont éclaté entre les wazalendo et les troupes du M23. À l’issue des combats, les rebelles ont dû battre en retraite vers Kamanyola, mais ils restent solidement ancrés dans les villages conquis.

    Toujours selon l’ACMEJ, pendant ce temps, les forces burundaises et les combattants wazalendo sont massivement présents à Luvungi, dans l’intention de stopper l’avancée du M23 et de ses alliés rwandais. Cette militarisation croissante plonge la population dans la peur, de nombreux habitants qualifiant la région de « terrain d’affrontement militaire ».

    Face à cette insécurité persistante, les habitants de la plaine de la Ruzizi, interrogés par l’ACMEJ, s’interrogent sur l’avenir de leur territoire. Ils rappellent qu’en 2004, un scénario similaire s’était produit : les troupes du dissident colonel Jules Mutebutsi, après avoir occupé Kamanyola et Katogota, avaient été contraintes de retourner au Rwanda. Ils demandent que le M23 suive le même chemin au lieu de continuer à faire souffrir les populations civiles.

    Des appels à l’action internationale

    Dans son dernier communiqué, l’ACMEJ appelle les Nations unies, l’Union européenne et la Cour pénale internationale à prendre des mesures fermes contre le M23 et son allié rwandais. L’organisation exige : Des sanctions judiciaires et administratives contre les responsables de ces atrocités, le retrait immédiat du M23 et de ses soutiens du territoire congolais, une assistance humanitaire urgente pour les populations déplacées et les réfugiés.

    L’ACMEJ réaffirme que « la RDC ne sera jamais divisée ni balkanisée » et que les Congolais sont unis dans leur refus de voir leur territoire sous domination étrangère. Elle exhorte les autorités congolaises et la communauté internationale à garantir la paix et la sécurité, afin de permettre aux déplacés et réfugiés de regagner leurs terres ancestrales.

    Selon l’ACMEJ, la situation dans la plaine de la Ruzizi reste critique, et sans une action rapide, le conflit pourrait continuer à faire des victimes parmi les civils.

    Freddy Ruvunangiza

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