Intervenons-nous

Une tragédie s’est produite ce jeudi 21 novembre 2024, dans la localité de Mulongwe, groupement des Batombwe, situé dans le territoire de Fizi, province du Sud-Kivu. Faïla, une femme de 75 ans, surnommée « Bibi ya Mshikwa », a été tuée à son domicile par des assaillants armés dont l’identité reste encore inconnue. Ce meurtre brutal intervient dans un contexte de violence de plus en plus récurrent, visant particulièrement les femmes, souvent accusées à tort de sorcellerie dans plusieurs zones de la province.

Aux alentours de 20 heures, la victime a été abattue dans des circonstances tragiques, alors qu’elle se trouvait chez elle. Les autorités locales et les services de sécurité n’ont pas encore fourni d’informations détaillées sur les raisons de ce crime, mais des acteurs sociaux sont sous le choc.

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Le Mouvement Citoyen de Lutte contre les Anti-valeurs (MCLA) a vivement réagi à cet assassinat, dénonçant la violence croissante et appelant les autorités à renforcer les mesures de sécurité pour protéger les civils.

Bien que les motivations exactes de ce meurtre demeurent floues, il ne fait aucun doute que ce type de violence ciblant spécifiquement des femmes âgées et vulnérables est devenu un phénomène inquiétant dans le Sud-Kivu.

Les accusations de sorcellerie sont fréquemment utilisées pour justifier ces actes inhumains, notamment dans des localités comme Fizi, où de nombreux meurtres de femmes sont signalés depuis plusieurs mois.

Ce meurtre tragique n’est malheureusement pas un cas isolé. Le 28 octobre 2024, une autre femme, âgée d’environ 70 ans, a été tuée à Baraka, une ville près de la région de Fizi.

L’assassinat a eu lieu au quartier Mwandiga, dans la commune de Katanga, alors que la victime rentrait chez elle après sa douche. Comme pour le meurtre de Faïla, des hommes armés non identifiés sont responsables de ce crime, et les circonstances restent floues.

La Société Civile des Compatriotes Congolais en RDC à Baraka avait alors exprimé son indignation, soulignant que ce genre de violence, souvent lié à des accusations de sorcellerie, devient une tragédie récurrente dans la ville et ses environs.

Le 22 octobre 2024, à Ciraba, dans le territoire de Kabare, une autre femme, âgée de 56 ans, a été tuée par la population sous l’accusation de sorcellerie.

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Cette victime, présumée chef d’une bande de sorcières, a été battue à mort par des habitants du village dans ce qu’on appelle la « justice populaire ».

La Société Civile de Kabare a dénoncé cet acte de violence, rappelant que la justice populaire est illégale et qu’elle ne fait qu’aggraver la situation de vulnérabilité des femmes dans la région.

Cet assassinat est loin d’être un incident isolé. La même région a été le théâtre d’autres meurtres similaires ces derniers mois, et l’impunité qui accompagne ces violences, en particulier contre les femmes et les filles, laisse la population dans un climat de peur et d’insécurité.

Ces meurtres de femmes, souvent âgées et accusées de sorcellerie, révèlent une réalité inquiétante dans le Sud-Kivu. À Fizi, Baraka et Kabare, Kalehe, Walungu, Idjwi, Mwenga, Kamituga, des femmes innocentes sont régulièrement victimes de violences brutales, souvent sans aucune preuve concrète des accusations portées contre elles.

L’absence de réponses claires des autorités et l’inefficacité des services de sécurité à protéger ces femmes alimentent ce cycle de violence.

Les acteurs de la Société civile, comme le MCLA et la Société Civile de Kabare, continuent de dénoncer ces actes et appellent à une intervention urgente des autorités pour restaurer la paix et la sécurité dans ces régions. Les violences contre les femmes, surtout celles accusées de sorcellerie, doivent être traitées avec la plus grande urgence afin de mettre fin à cette spirale meurtrière.

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Le meurtre de Faili, une grand-mère, une mère pour d’autres, survenu jeudi dernier, vient une nouvelle fois souligner l’ampleur du problème de violence à l’égard des femmes dans le Sud-Kivu.

Face à cette tragédie, nombreux défenseurs des droits de l’homme pensent qu’il est crucial que les autorités locales prennent des mesures concrètes pour protéger les femmes, lutter contre les pratiques de justice populaire et mettre fin à l’impunité des auteurs de ces crimes.

Trésor Wilondja

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