« Le juste que l’on tue est déclaré coupable »: cas de Vital Kamerhe couvert de silence », c’est le titre d’une nouvelle tribune signée Abbé Jean-Baptiste Kabazane. Prêtre et fervent soutient de Vital Kamerhe depuis son malheur dû au procès des 100 jours, Kabazane revient encore une fois sur les différentes étapes ayant conduit à l’incarcération de l’homme de « Pièce contre pièce ». Malgré des mots sympathiques du Président de la République le qualifiant de correct, de juste il continue malheureusement à être privé de liberté, car condamné à 13 ans des travaux forcés. Ci-dessous la Tribune de l’Abbé Kabazane.
« Une chose est sûre : l’homme avait été invité un jour à éclairer la justice. Ce ne fut pas incognito qu’il se rendit où on rend le droit. Désormais la date du 8 avril 2020 marquera le début du long et pénible chemin de croix de celui qui ne lâcha pas Félix Tshisekedi d’un pas durant la longue et périlleuse campagne électorale de fin décembre 2018.
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Il faut rappeler aux générations, entre autres noblesses, que Vital Kamerhe s’était désisté en faveur de Félix-Antoine Tshisekedi avant les élections du 30 décembre 2018, devenant généreusement Directeur de Campagne de celui dont il sera, par la suite une fois le fauteuil gagné, Directeur de Cabinet.
Entre les deux hommes politiques avait été scellé un accord qui donna lieu à la plateforme « Cap pour le changement » (CACH) et qui gèrera le pays un instant avec le Front Commun pour le Congo (FCC). Condamné à 20 ans, le Pacificateur Kamerhe ne tarda point à être cet enfant à qui peut, mutatis mutandis, s’appliquer bien ces paroles du vieux Siméon sur le fils de Dieu, et que l’on pourrait bien adresser depuis lors à la Mère Patrie, la RDC :
« Regarde (RDC), cet enfant apportera aux masses de Congolais, soit la chute, soit la résurrection : il sera un signe de division, et toi-même, une épée te transpercera l’âme. C’est ainsi que sera mis à nu le secret de tous les cœurs » (Cf.Lc 2, 34-35).
Très vite le « Tu n’échapperas pas », lâché lors du procès par un des avocats de la République avait dévoilé, en effet, les intentions secrètes au moment où certains pensaient à un règlement de compte au sommet de l’État. La division et la confusion ne manquèrent point non plus.
Des regroupements politiques se sont lancés la flèche, chacun niant sa responsabilité dans le malheur du « faiseur des Présidents ». Le FCC fut autrefois désigné par l’UDPS comme détenteur de la clé de la porte du malheur de Vital. Mais, sans trop se justifier, le FCC s’était contenté de nier les allégations tout en laissant le temps au temps.
Vint le moment où la Plateforme du Sénateur à vie, Joseph Kabila, va connaître la déconfiture et c’est la naissance de l’Union Sacrée, entièrement dans les mains et sous le pouvoir du parti présidentiel et tous ceux qui le soutiennent pour la matérialisation de la vision politique du Chef de l’État, Félix Antoine Tshisekedi.
Dans ces conditions où le FCC autrefois pointé, à tort ou à raison, n’était plus aux commandes de la barque, l’espoir du peuple était que l’aigle de Bulwi soit acquitté sans condition, après que la justice ait fait vivre aux millions des Congolais le jeu qui fit appel au » pièce contre pièce « .
Cet espoir du peuple sera davantage nourri du haut de la tribune à Goma lorsqu’un certain jour, le Chef de l’État parlant de son allié principal, le désigna sympathiquement et sincèrement comme un homme juste et correct qui jouera encore un rôle dans ce pays.
Depuis ces paroles lâchées au Nord-Kivu, l’attente du peuple se fait haletante, tant le retentissement de la vérité présidentielle sur Vital Kamerhe était aussi retentissant.
Aujourd’hui, il y a à déplorer la récompense faite au peuple qui attendait voir Kamerhe au service de la Nation : la réduction de la peine de 20 à 13 ans, en lieu et place de l’acquittement, ainsi que le silence actuel qui assaisonne la souffrance et l’humiliation du fils de Constantin et d’Alphonsine.
Comment donc Vital Kamerhe jouera-t-il un rôle important dans la privation de liberté et loin des siens ? Est-il mis en assaisonnement pour être mieux savouré en 2023, lorsqu’on voudra bien s’en servir comme tremplin vers la gloire ? Il semble que cette thèse résonne désormais aux oreilles des Congolais comme une musique étrangère et seules sonneront bientôt harmonieusement les paroles de tout homme gagné à la libération et à l’acquittement de Vital Kamerhe.
De quoi pourrait-il donc être coupable, cet homme dont les Congolais attendaient tant avec Félix Antoine ? De Genève ou de Nairobi ? De Sun City ou du Centre interdiocésain de Kinshasa ? De sa vision d’un Congo à la Lula ou du Programme de 100 jours ? De sa brillante carrière de Président de l’Assemblée Nationale ou des promesses de son court séjour à la Présidence comme Directeur de Cabinet du Chef de l’État ? De ses bonnes relations avec le Président ? De sa verve oratoire innocente et légendaire, de sa famille ou de son éducation ?
L’ironie de la vie actuelle veut que seuls les Poètes, les musiciens et les dramaturges trouvent leur compte et expriment mieux le vertige ressenti à contempler un » homme honnête » qui attend en détention servir une Nation. Un homme dont on a suivi le procès et retenu le harcèlement envers sa personne et sa famille.
Est- ce donc possible de parler du » juste que l’on tue est déclaré coupable » (Ps 93, 21)?
Et quand le silence qui ne se dit pas semble régner à son sujet, que faut-il espérer ? Les jours s’en vont, les guetteurs comptent à rebours et l’acquittement semble relégué aux grès des humeurs et des complots nationaux et internationaux ! Est-ce là le sens du silence qui entoure désormais celui qui gagna des foules à la cause de Félix Antoine ?
Si l’on puise dans la galerie des caricatures du silence ou des mauvais silences que relève Michel Hubaut dans son livre » Les chemins du silence », on trouve notamment :
– Le silence de l’indifférence pour qui les autres ne sont que le décor d’une vie égoïste,
– Le silence du mépris qui vous toise du haut de sa supériorité,
– Le silence du stoïcien qui « se maitrise », illustré par le célèbre vers d’Alfred de Vigny : » seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse…Gémir, pleurer, prier, est également lâche ! »,
– Le silence hautain d’une grandeur suffisante qui ne répond, comme le dit le même auteur, » que par un froid silence, au silence éternel de la Divinité »,
– Le silence de l’orgueil qui se refuse d’admirer et de saluer ce que les autres font ou disent de bien, et se cristallise dans la jalousie et la médisance.
– Le silence de paresse qui ne tient pas à dépenser ses forces pour créer des liens,
– Le silence du sot qui n’a rien à dire et qui voudrait faire croire par son mutisme à la profondeur de ses pensées,
– Le silence de la rancune qui rumine ses blessures et ne veut pas renouer un dialogue rompu,
– Le silence de la faiblesse qui a peur de s’engager,
– Le silence de la lâcheté qui prend soin de ne pas se compromettre,
– Le silence de la trahison qui se dérobe au témoignage attendu par peur, ruse, méchanceté ou mauvaise volonté.
Disons-le quand même, tous les silences, bons ou mauvais sont les reflets de notre double visage, nocturne et lumineux. Espérons que dans le silence autour du cas Kamerhe, tout se purifie, s’unifie au lieu de se détruire.
Fasse la mère nature que ce silence qui nous trouble pendant que le fils du Kivu souffre, manifeste enfin le respect dû à son rang et brise la spirale de mépris, de haine et d’acharnement contre l’homme que le Chef de l’État reconnait correct et sérieux.
Enfin, en faveur de Vital Kamerhe, faisons appel à Dieu qui fait justice, avec le Psaume 93, 1-23 : » Dieu qui fais justice, Seigneur, Dieu qui fais justice, parais !
Lèves-toi, juge de la terre ; …
Combien de temps les impies, Seigneur, combien de temps vont-ils triompher?
Ils parlent haut, ils profèrent l’insolence, ils se vantent, tous ces malfaisants.
C’est ton peuple, Seigneur, qu’ils piétinent, et ton domaine qu’ils écrasent ; …
Ils disent : « Le Seigneur ne voit pas, le Dieu de Jacob ne sait pas !’ Sachez-le, esprits stupides, comprendrez-vous un jour ? Lui qui forma l’oreille, il n’entendrait pas ? Il a façonné l’œil, et il ne verrait pas ? Il a puni des peuples et ne châtierait plus ? Lui qui donne aux hommes la connaissance, Il connaît les pensées de l’homme, et qu’elles sont du vent !…Car le Seigneur ne délaisse pas son peuple, il n’abandonne pas son domaine : On jugera de nouveau selon la justice ; tous les hommes droits applaudiront. Qui se lèvera pour me défendre des méchants ? Qui m’assistera face aux criminels ? Si le Seigneur ne m’avait secouru, j’allais habiter le silence.
Quand je dis : « Mon pied trébuche ! » ton amour, Seigneur, me soutient.
Quand d’innombrables soucis m’envahissent, tu me réconfortes et me consoles. Es-tu l’allié d’un pouvoir corrompu qui engendre la misère au mépris des lois ? On s’attaque à la vie de l’innocent ; le juste que l’on tue est déclaré coupable.
Mais le Seigneur était ma forteresse, et Dieu, le rocher de mon refuge. Il retourne sur eux leur méfait… ».
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Et que dans sa bonté, le Seigneur fasse don à son peuple qui crie vers lui, jour et nuit, de l’acquittement de son Serviteur Vital pour qu’il œuvre aussi pour le relèvement du Pays de nos ancêtres. Et que le silence autour de son malheur se change vite en joyeuse mélodie de reconnaissance.
Abbé Kabazane Nsibula Jean-Baptiste. »
Un commentaire
Très pertinent et bien élaboré. Félicitations Monsieur l’abbé pour la justesse du verbe et de l’argumentaire.