Intervenons-nous

    Le 25 décembre 2024, dans leurs messages de Noël respectifs, la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) ont lancé un appel solennel aux Congolais et aux citoyens de la Région des Grands Lacs. L’année 2025 a été proclamée « Année de la Paix et du Bien-Vivre-ensemble » pour la République Démocratique du Congo et les pays voisins, dans l’espoir de poser les bases d’une réconciliation durable et de mettre fin aux souffrances chroniques qui défigurent cette région du monde.

    L’appel des deux grandes institutions chrétiennes souligne l’urgence de rétablir la paix dans une région meurtrie par des décennies de conflits armés, de violences politiques et de crises humanitaires. Le message de la CENCO et de l’ECC est un cri du cœur pour les peuples de la RDC et des Grands Lacs, les invitant à faire de la paix une priorité collective, à travers le slogan « Ma priorité, c’est la Paix et le Bien-Vivre-ensemble ».

    Les deux Eglises dénoncent fermement les violences qui dévastent la région et qui ont déjà coûté la vie à des millions de personnes, tout en provoquant des déplacements massifs, des viols, des destructions de biens et une pauvreté accrue. La RDC, en particulier, fait face à des conflits politiques internes et à des attaques de groupes armés, notamment dans l’est du pays, qui affectent la vie quotidienne des Congolais et des peuples voisins.

    Dans leur appel, la CENCO et l’ECC interrogent : « Combien de souffrances, de morts, de viols, de déplacements, de destructions faut-il encore avant que la paix et le bien-vivre-ensemble s’installent en RDC et dans la Région des Grands-Lacs ? »

    Ils remettent en question l’abandon des anciennes valeurs africaines de Bumuntu, cette philosophie de l’humanisme et de la solidarité qui, selon eux, devrait encore guider les peuples d’Afrique.

    « Combien de souffrances, de morts, de viols, de déplacements, de destructions faut-il encore avant que la Paix et le Bien-Vivre-ensemble s’installent en RDC et dans la Région des Grands-Lacs ? Où sont passées nos valeurs sociologiques et spirituelles de « Bumuntu » qui furent le fondement ontologique de notre identité africaine ? Pourquoi ne sommes-nous plus en mesure de résoudre nos problèmes sous l’arbre à palabre comme nos ancêtres savaient le faire si sagement ? N’est-il pas possible de développer nos pays respectifs à partir d’une « culture de bon voisinage transfrontalier », sans forcément verser le sang de milliers d’innocents ? D’où vient l’idée de vouloir supprimer l’autre pour s’assurer de son bonheur et de sa paix ? Faut-il nécessairement recourir aux armes pour revendiquer ses droits ? Quel monde pensons-nous léguer aux générations futures ? »

    Un Pacte social pour la paix et le développement

    Pour apporter des solutions concrètes à ces crises, les deux Eglises proposent la création d’un « Pacte social pour la Paix et le Bien-Vivre-ensemble ».

    Ce pacte serait fondé sur les principes du dialogue, du respect mutuel, et de la solidarité. Il s’agirait d’un engagement à promouvoir la paix non seulement à l’échelle nationale, mais aussi à travers une culture de bon voisinage transfrontalier.

    Dans cet esprit, la CENCO et l’ECC appellent à une réconciliation qui repose sur le consensus et la recherche de solutions pacifiques aux conflits qui minent la sous-région.

    L’idée est de revenir aux valeurs d’entraide et de dialogue communautaire, à l’image de l’arbre à palabre où les ancêtres résolvaient pacifiquement leurs différends. Le défi de la réconciliation est également étendu à la construction d’une Afrique forte, unie et prospère, capable de faire face aux défis de la mondialisation, tout en respectant ses identités culturelles et sociales.

    L’aboutissement salvateur de ce « Pacte social » permettra à l’Afrique de s’affranchir des conflits politiques et armés pour s’inscrire dans la logique de la fraternité mondiale des peuples, des communautés et des Nations, promouvant ainsi le modèle de l’Etat de droit démocratique stable et solide dans nos différents pays. 

    « Pour y parvenir, nous sommes appelés à manifester une adhésion massive et enthousiaste à cet Appel prophétique et pastoral de la CENCO et de l’ECC, lequel nous convie à interagir et à échanger sur base entre autres des postulats suivants : Revenir à nos valeurs sociologiques et spirituelles de Bumuntu pour construire la Paix durable et le Bien-Vivre-ensemble en RDC et dans la Région des Grands- Lacs, privilégier les consensus par le palabre pour trouver des solutions idoines aux causes profondes à la base des conflits politiques et armés qui endeuillent interminablement la RD Congo et ensanglantent cycliquement la sous-région des Grands-Lacs, nous unir dans le respect de nos diversités pour bâtir une Afrique forte, unie et prospère face aux défis de la mondialisation. « Le cheminement vers la paix, écrit le Pape François, n’implique pas l’homogénéisation de la société, il nous permet en revanche de travailler ensemble ». Pape François, Fratelli tutti, 228. Il y a possibilité de « dépasser ce qui nous divise sans perdre notre identité personnelle » (Fratelli Tutti, 230) ». 

    L’initiative des deux Eglises cherche aussi à influencer les dirigeants politiques, tant au niveau africain qu’international, pour qu’ils s’engagent dans la construction d’une paix durable, sans recourir aux armes. Les leaders africains sont appelés à souscrire à une vision commune de développement, en mettant fin à l’exploitation illicite des ressources naturelles et en œuvrant pour l’intégration régionale, ce qui favorisera la stabilité et la prospérité pour tous.

    L’implication de la communauté internationale

    Les Eglises lancent également un appel à la communauté internationale, soulignant la responsabilité de l’ONU, des puissances mondiales et des acteurs humanitaires.

    Ces derniers sont invités à soutenir les efforts de paix en RDC et dans les Grands Lacs, en veillant à ce que la région bénéficie d’un soutien pour son développement durable et pour la mise en place des infrastructures de paix.

    Un engagement collectif pour un avenir meilleur

    La CENCO et l’ECC prévoient, au cours de l’année 2025, de mettre en place diverses commissions thématiques qui travailleront sur la paix et le bien-vivre-ensemble.

    Ces commissions se rencontreront lors d’ateliers et d’un forum national, dont les résolutions seront intégrées dans une « charte nationale pour la paix et le Bien-Vivre-ensemble ».

    De plus, un projet de « Conférence Internationale pour la Paix, le Co-Développement et le Bien-Vivre-ensemble dans les Grands Lacs » devrait voir le jour pour mettre en place des stratégies concrètes pour résoudre les conflits transfrontaliers.

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    « Interpeller la Communauté internationale à accompagner en toute responsabilité et sincérité les peuples africains à construire et léguer un continent où règnent la justice, la paix et les meilleures conditions de vie et environnementales aux générations futures.  Vers la fin de ce mois, nous présenterons les différentes commissions thématiques relatives à la paix et au Bien-Vivre-ensemble, dont les sujets seront approfondis dans plusieurs ateliers et pourront être transformés en résolutions et recommandations à consigner dans « une charte nationale pour la paix et le Bien- Vivre ensemble », au cours d’un forum national à organiser dans quelques mois. Ce qui sera une bonne préparation de la tenue d’une « Conférence Internationale pour la Paix, le Co-Développement et le Bien-Vivre-ensemble dans les Grands Lacs » que nous estimons nécessaire pour mettre fin aux conflits transfrontaliers. Le succès de ce projet dépendra bien sûr de l’adhésion des uns et des autres que nous souhaitons massive. C’est pourquoi, dans l’entre temps, la CENCO et l’ECC feront des plaidoyers auprès des principaux acteurs sociopolitiques au niveau national et international afin de recueillir leurs avis et créer une synergie autour de ce projet qui, une fois adopté, donnera lieu à un nouveau modus vivendi en RDC et dans la Région des Grands Lacs ».

    Pour que cet ambitieux projet se réalise, la CENCO et l’ECC appellent à l’adhésion massive des Congolais et des citoyens des Grands Lacs, tant au niveau individuel qu’institutionnel. Des formulaires d’adhésion seront mis à disposition sur un site dédié, www.pactesocialpaixrdc.org, et les participants seront invités à participer activement à la construction de ce pacte pour un avenir de paix et de prospérité.

    La CENCO et l’ECC soulignent l’importance de l’engagement de tous : « L’Espérance ne déçoit pas ». Avec la bénédiction de Dieu, elles souhaitent que ce projet apporte un changement profond dans les cœurs et dans les sociétés de la RDC et des pays voisins, pour qu’enfin, la paix et le bien-vivre-ensemble prévalent dans cette région du monde meurtrie par tant de souffrances.

     Jean-Luc M.

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