À l’occasion du 64ème anniversaire de l’assassinat de Patrice Emery Lumumba, figure emblématique de l’indépendance congolaise, La Prunelle RDC a interrogé des jeunes de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, sur la signification de cet héritage et sur la réalité de l’indépendance aujourd’hui. Si le souvenir de Lumumba est encore très vivant dans les cœurs et les esprits, la question de l’indépendance effective du pays, notamment pour les nouvelles générations, reste une préoccupation majeure.
Richard Baleka, jeune habitant de Bukavu, est sans équivoque sur son ressenti : « Je ne crois pas que nous soyons réellement indépendants », confie-t-il d’un ton résolu.
Pour lui, la RDC continue de faire face à des défis énormes qui freinent son développement, rendant l’indépendance plus théorique que concrète.
« On tue nos frères et sœurs à l’Est du pays, et pourtant les autorités semblent se désintéresser de cette situation », poursuit-il, une tristesse palpable dans sa voix.
Richard invite ses camarades à se mobiliser pour prendre en main leur destin, pour que l’indépendance acquise après tant de sacrifices devienne enfin une réalité tangible pour tous.
« Nous devons nous battre pour nous-mêmes, nous ne pouvons pas attendre que le gouvernement fasse tout à notre place », ajoute-t-il avec conviction.
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Pour Justin Ciragarhula, originaire du territoire de Kabare, l’héritage de Lumumba ne doit pas se limiter à un souvenir historique.
« L’histoire de Lumumba nous enseigne le sens du sacrifice pour le bien-être collectif. Mais 64 ans après sa mort, notre pays dépend encore énormément de l’extérieur, même pour des biens de première nécessité », déplore-t-il.
Bien que la RDC regorge de ressources naturelles inestimables, Justin estime que la vraie indépendance passera par un travail collectif acharné.
« Les jeunes doivent se mobiliser, s’éduquer, travailler dans un esprit d’amour et de dévouement pour notre pays. C’est la seule voie pour transformer ce pays », affirme-t-il avec espoir.
Étudiant à l’Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu, Gentil Sibaganira Léon se fait l’écho d’une certaine désillusion partagée par de nombreux jeunes.
« L’indépendance, c’est une idée noble, mais sur le terrain, les problèmes sont nombreux : l’instabilité du taux de change, l’insécurité à l’Est et les contestations lors des élections », explique-t-il, se montrant préoccupé par la situation actuelle.
Pour Gentil, il est temps que les autorités prennent des mesures concrètes pour répondre aux défis du pays. Mais il insiste également sur l’importance d’une mobilisation citoyenne et d’un vrai engagement des jeunes.
« Nous devons faire notre part, nous rappeler de ce qu’a fait Lumumba pour nous. Il s’est sacrifié pour un Congo libre, et c’est à nous de le rendre vraiment libre », lance-t-il avec détermination.
Asifiwe Sezibera Annie, militante du mouvement citoyen Lutte pour le Changement (Lucha), va plus loin en soulignant l’urgence d’une indépendance véritable et totale.
« Nous n’avons pas encore d’indépendance réelle, surtout en ce qui concerne l’exploitation de nos ressources naturelles, la prise de décisions politiques, et même la gestion de notre sécurité », affirme-t-elle.
Convaincue que les jeunes doivent être les leaders du changement, elle plaide pour une conscientisation accrue, une éducation citoyenne qui leur permettrait de comprendre leurs droits et devoirs, et de s’engager activement dans la vie politique et sociale.
« Il est temps que les jeunes s’impliquent dans des partis politiques ou des mouvements citoyens pour faire entendre leur voix. Si nous voulons un Congo vraiment indépendant, c’est à nous de l’obtenir », conclut-elle, pleine de conviction.
L’héritage de Lumumba : un appel à l’action
À travers les témoignages de ces jeunes, un message clair émerge : l’indépendance acquise il y a 64 ans reste incomplète.
La jeunesse congolaise, aujourd’hui plus que jamais, se sent investie de la responsabilité de poursuivre le combat pour un pays véritablement libre et prospère. Le sacrifice de Lumumba ne doit pas être un simple souvenir, mais une source d’inspiration pour les générations futures, prêtes à relever les défis et à construire un Congo meilleur.
Dans les rues de Bukavu, comme dans le reste du pays, des jeunes congolais continuent de rêver d’une indépendance qui ne soit pas seulement politique, mais aussi économique, sociale et sécuritaire. Un rêve qui, selon eux, ne pourra se réaliser que si chacun prend sa part dans la lutte pour le changement.