Intervenons-nous

Michel Maajabu Ciza, jeune artiste musicien gospel de Bukavu, a vécu une expérience terrifiante ce jour-là en tentant de se rendre à ses activités habituelles sur l’avenue Hippodrome, dans le quartier Nyalukemba en commune d’Ibanda. Ce témoignage poignant met en lumière l’urgence d’une réponse efficace des autorités face à la montée des cas d’enlèvement dans les taxis (Témoignage)

« Aujourd’hui, après le travail, j’ai décidé de faire un détour par le studio avant de me rendre sur l’avenue Hippodrome. À la Place du 24, j’ai pris un taxi où une jeune femme était assise à l’avant avec le chauffeur, tandis qu’une autre femme et un jeune homme étaient à l’arrière. À la Place de la Paix, la passagère de l’avant a payé et est descendue, laissant le siège avant libre. Le jeune homme à l’arrière a demandé à se déplacer devant, et je lui ai fait de la place. Nous nous sommes donc retrouvés à l’arrière avec la femme restante, tandis que le chauffeur et le jeune homme étaient à l’avant.

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Le voyage s’est poursuivi entre la Place de la Paix et la SONAS. Le chauffeur a refusé de prendre quatre clients supplémentaires malgré les places disponibles. Lorsqu’à plusieurs reprises je lui ai signalé l’opportunité, il a simplement répondu qu’il savait ce qu’il faisait.

Arrivé près de SONAS, un jeune homme aux muscles impressionnants a appelé le taxi. Le chauffeur s’est arrêté, et le nouveau passager est monté. Je me suis alors retrouvé coincé au milieu, entre la femme et ce nouvel arrivant, tandis que le chauffeur et l’autre jeune homme étaient à l’avant.

En approchant de la bifurcation vers l’avenue Mbaki, la femme a sorti de sa mallette un mouchoir et un flacon de parfum. Elle a mis du parfum sur le mouchoir et m’a demandé de sentir pour lui dire si l’odeur était agréable. Trouvant cela suspect, j’ai répondu qu’il était improbable qu’elle achète un parfum sans l’apprécier. Je lui ai suggéré de le mettre et de demander l’avis des autres passagers. Malgré son insistance, j’ai refusé de sentir le mouchoir.

Peu après, le chauffeur a commencé à monter toutes les vitres du taxi, y compris celle de son côté, déjà teintée. L’atmosphère est devenue oppressante. En essayant de crier, j’ai constaté que le chauffeur avait mis la musique à plein volume, rendant ma voix inaudible pour les passants.

Lorsque j’ai tenté de m’éloigner, la femme a forcé le mouchoir parfumé vers mon nez. J’ai ressenti une pression intense sur le cerveau, comme si j’allais m’évanouir. Pendant ce temps, le jeune homme à côté de moi a saisi mon bras et a tenté de m’étrangler. Je me suis débattu avec toutes mes forces tout en essayant de repousser la femme et de protéger mon nez. J’ai pris mon téléphone et l’ai rangé dans ma poche, cherchant à me défendre.

En utilisant mes coudes, j’ai réussi à toucher l’œil droit du jeune homme, qui a commencé à saigner, tout en tentant de repousser la femme avec mes jambes. Le chauffeur est resté impassible, concentré sur la route, et le jeune homme à l’avant n’a pas réagi, visiblement pour ne pas attirer l’attention.

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Dans un ultime effort, j’ai réussi à pousser la porte avec mes pieds, qui s’est ouverte. Je me suis jeté hors du taxi, atterrissant à Nyawera, près du terrain de basketball de Vamaro. Heureusement, je n’étais pas blessé, mais profondément traumatisé.

En reprenant mes esprits, j’ai vu que le taxi avait pris une autre direction, se dirigeant vers la Route Vamaro au lieu de continuer vers Nyawera. Les passants, inquiets, m’ont écouté expliquer ce qui s’était passé. Après cela, j’ai décidé de rentrer chez moi et de renoncer à ma visite sur l’avenue Hippodrome »

Michel Maajabu Ciza appelle désormais les autorités à prendre des mesures urgentes pour stopper les criminels qui perpètrent ces actes inquiétants à Bukavu. Il exhorte également les habitants à rester vigilants dans un contexte d’insécurité croissante dans la province.

Vinciane Ntabala

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