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Jean-Marc Kabund-A-Kabund, le 1er  vice-président de l’Assemblée Nationale congolaise est en ce jour au centre du débat politique de haut niveau, suite à une motion de défiance initiée à son encontre par un député de l’opposition.

Jean-Marc Kabund, élu de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, est un acteur à la personnalité on ne peut plus controversée qui n’hésite pas à jouer le trouble-fête quand tout semble fin prêt pour le décollage d’une bonne ambiance parlementaire au sein de l’hémicycle national.

Il est un des responsables politiques les plus entendus par «la base». L’un des leaders qui s’alignent parfaitement dans la logique  et la volonté populaire. Quand la rue gronde, généralement Kabund n’y va pas par le dos de la cuillère avant de lui réserver un feed-back favorable. Bref, il est le chouchou de la rue. Un parfait «atalaku politique » qui sait mettre de l’ambiance par des slogans populistes, les plus agréables à l’ouïe des partisans de sa famille politique.

Au vu de son langage fluide et facile, Kabund-A-Kabund s’est sans doute taillé une place  de choix dans les  cœurs des fanatiques de l’UDPS, ceux qu’on appelle les « combattants » ou encore les « talibans ».

Cependant, cet homme en qui se retrouvent concentrés les espoirs de la 10ème rue Limete, ce monument de la révolte au sein de l’UDPS, a-t-il réellement sa place au sein du cercle restreint et stratégique de gestion de la politique nationale ? Est-il l’oiseau rare qu’il fallait pour insuffler du nouvel air au bureau de la 2ème chambre ?

Si l’on tient compte de ses réactions, tant dans des meetings populaires, que dans les plates-formes des médias, il y a lieu de s’interroger sur la façon dont JMK [comme le désignent ses fans] joue son rôle de deuxième poumon de la chambre haute du parlement de la RDC. 

Menaces et provocations à l’égard des partenaires politiques

Après tant d’années passées aux côtés du sphinx de Limete, feu Etienne Tshisekedi, Jean-Marc Kabund-a-Kabund n’a jamais renoncé au caractère va-t-en-guerre qui lui valut le prestigieux poste de secrétaire général au sein du parti du leader historique de l’opposition congolaise.

Face au Front Commun pour le Congo (FCC), Jean-Marc Kabund-A-Kabund n’a jamais eu une langue de bois. Pourtant devenus des partenaires de gestion, avec sa famille politique, le Président ai de l’UDPS ne rate pas la moindre occasion de jeter de l’opprobre sur la formation politique du président honoraire de la RDC, Joseph Kabila. 

L’une de ses plus célèbres sorties, contre les partenaires du FCC, reste la grande promesse de les pousser à traverser le fleuve à la nage. Surnommé « Maître-nageur » par ses sympathisants, dès cette époque, Kabund ne semble plus avoir la confiance de l’autre camp. Or, comme cela est de coutume, toute relation politique se tisse autour des intérêts des différentes parties-prenantes ! 

La motion de défiance initiée contre cet homme, devenu l’une des méga stars de la politique congolaise, si elle s’avère sérieuse, risque de jouir donc d’un soutien inédit des Kabilistes, qui constituent une large majorité au sein de la chambre des élus du peuple.

Outre le FCC, et son leader Joseph Kabila, Kabund-a-Kabund s’est fait bien plein d’autres victimes au sein de la classe politique, toujours par ses interventions peu commodes. Il ne ménage aucun pair tant qu’il le juge non-aligné dans son orbite de prédilection. 

En effet, toute action qu’il estime défavorable à l’UDPS, ou au président Felix Tshisekedi, fait perdre à Kabund son charisme d’homme d’Etat, ce qui le pousse à revêtir son ancien manteau de militant farouche. C’est à ce titre qu’il n’hésite même pas de s’acharner contre l’Union pour la Nation Congolaise, seconde manche du Cap pour le Changement [coalition au pouvoir], et contre son leader Vital Kamerhe. Certaines voix déplorent même des propos désobligeants du leader de l’UDPS contre un probable acquittement du Directeur de Cabinet du chef de l’Etat.

Elu du peuple, et élu des élus du peuple, Kabund est jusqu’à présent un des éléments majeurs de la politique congolaise. Plus qu’un simple leader politique, JMK porte sur ses épaules une si grande responsabilité dont il ne semble pas conscient. Le gardien du temple du parti présidentiel a même dû allumer la mèche, avec succès, contre la tenue d’un congrès qu’il estimait dangereux  à l’égard de son protégé, le chef de l’Etat.

A l’image de la notoriété qui suit le perchoir de l’Assemblée Nationale, la deuxième marche de ce prestigieux podium devait revenir à un personnage d’autant plus rassembleur que charismatique. A cet effet, coincé entre deux métronomes battants du FCC, Jean-Marc Kabund-A-Kabund semble se contenter du modeste rôle d’allumeur de flambeaux de contestation, bien que son parti face partie de la coalition dirigeante.

Si l’on en croit certaines observations, le Président ai de l’UDPS semble rester à l’opposition alors que son parti est au pouvoir depuis plus d’une année. Ainsi, certains analystes voient en JMK un excellent militant, voire un bon leader d’opinion, doué en matière de mobilisation populaire. 

Toutefois ce comportement, particulièrement indispensable pour une bonne carrière d’opposant, augure-t-il à l’homme une stature d’homme d’Etat ? A en croire certains principes universels, devenu homme d’Etat, on cesse d’appartenir à sa famille politique ; un cap que l’actuel 1er vice-président de l’assemblée nationale peine toujours à franchir.

Aurait-on donc raison de croire qu’à chaque course correspond une monture appropriée ! 

Gracieuse Wany S.

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