Au moins 300 incidents ont été recensés entre 2020 et 2024 contre les agents humanitaires dans la province du Sud-Kivu. Ces statistiques ont été dévoilées lors de la célébration de la Journée Mondiale de l’Aide Humanitaire, le 19 août 2024. Les activités commémoratives se sont déroulées à l’Institut Supérieur Pédagogique en présence des étudiants et des organisations humanitaires.
Selon certaines organisations humanitaires, le principal défi auquel elles sont confrontées est l’insécurité, ainsi que l’émergence de groupes armés dans plusieurs régions de la province du Sud-Kivu.
Joseph Kakisingi, Coordinateur provincial du Cadre de Concertation National des ONGs du Sud-Kivu (CCONAT), a appelé le gouvernement congolais à garantir la sécurité des travailleurs humanitaires.
« Aujourd’hui, nous mettons un accent particulier sur la sécurité des travailleurs humanitaires. Depuis quelques années, ces acteurs sont devenus des cibles pour les groupes armés ou les communautés en conflit. Il est crucial que le monde se rappelle que les travailleurs humanitaires ne sont pas le problème, mais qu’ils font partie de la solution. Nous demandons aux gouvernements de mettre fin aux tracasseries administratives. Il y a un manque d’infrastructures, comme des routes, ce qui rend l’accès difficile pour la distribution d’aide. Il y a également le problème de l’insécurité, avec des groupes armés et parfois même l’armée, qui peuvent empêcher l’accès aux communautés dans le besoin. Pour aider efficacement les territoires, il faut la paix, des infrastructures adéquates, et tout cela relève du travail du gouvernement », explique Joseph Kakisingi, Coordinateur du CCONAT.
D’autre part, Caddy Adzuba, Coordinatrice de la Fondation Pélagie Muhigirwa, a demandé aux partenaires financiers de fournir des moyens supplémentaires aux organisations locales qui interviennent quotidiennement aux côtés des personnes vulnérables et des victimes de catastrophes.
« Les plus grandes difficultés auxquelles nous faisons face sont principalement la sécurité, ainsi que l’accès aux personnes vulnérables ou déplacées. De plus, l’accès aux financements est également un défi pour nous, organisations féminines. Il y a beaucoup d’exigences auxquelles les organisations locales et nationales doivent faire face. C’est pourquoi nous nous battons pour améliorer la localisation de l’aide, en espérant que cela portera ses fruits, car nous sommes capables de gérer les fonds aussi bien que les organisations internationales », dit-elle.
Lire aussi : Journée Mondiale de l’aide Humanitaire : une marche de solidarité à Bukavu
Julienne Baseke, de l’Association des Femmes des Médias (AFEM) a plaidé pour un meilleur accès des personnes vulnérables aux médias afin qu’elles puissent exprimer leurs besoins de manière à ce que les organisations puissent intervenir de manière plus efficace.
Elle a également souligné la nécessité pour les organisations de tenir compte des besoins spécifiques liés au genre.
« Le message qui est véhiculé est d’améliorer l’aide humanitaire surtout dans le contexte de conflit comme en République Démocratique du Congo. Ce pays est en guerre depuis plusieurs décennies déjà et on sait qu’il y a un nombre très important de déplacés et parmi eux il y a des femmes, des jeunes, des enfants, des personnes vivant avec handicap et consorts qui ont des besoins spécifiques. Et pour nous, améliorer la qualité de l’aide humanitaire, c’est en fait, prendre en compte les besoins spécifiques de ces groupes les plus vulnérables ; s’assurer que leurs besoins sont couverts et qu’ils aient accès aux médias pour s’exprimer par rapport à leurs besoins », demande Julienne Baseke.
Il convient de signaler que la Journée Mondiale de l’Aide Humanitaire a été célébrée au Sud-Kivu sous le thème « Agir pour l’humanité à travers les acteurs locaux ».