Toute la journée de ce jeudi 18 août 2022 est restée tendue dans plusieurs coins de la ville de Bukavu au Sud-Kivu.
Ceci, suite aux barricades qui ont été érigées par des motards dans les communes de Bagira, Kadutu et Ibanda, pour protester contre la décision de l’autorité provinciale, interdisant la circulation des motos sur le boulevard principal de la ville.
Depuis les premières heures de la matinée, ces derniers ont ainsi érigé plusieurs barricades sur la route place de l’indépendance-Bagira, notamment au niveau de la société Bralima, à quelques mètres de la Pharmakina, et au niveau de Bwindi.
Même s’ils ont été dispersés par des éléments de la police qui ont dû faire usage des bombes à gaz lacrymogènes, ces motards ont perturbé la circulation pendant plusieurs heures de l’avant-midi sur cet axe qui est l’un des plus fréquentés de la ville.
Dans la commune de Kadutu également, des barricades été visibles sur la route place de l’indépendance-Cimpunda, à presque chaque rond-point, notamment l’entrée de l’ISDR-Bukavu et niveau de lycée Wima. La circulation a également été perturbée au niveau de l’ancienne coopérative, et au niveau de la route allant de la Place jusqu’au marché de Kadutu.
En commune d’Ibanda, ces conducteurs de motos ont érigé des barricades devant la Prison centrale de Bukavu, sur la route d’Uvira, à l’entrée de l’ISP, à l’Essence Major Vangu et devant la paroisse catholique de Cahi sur la route nationale N°5. Plusieurs coins de Panzi ont aussi été affectés l’avant-midi par ces perturbations de la circulation, jusqu’à Nyantende dans le territoire de Kabare.
Ces motards empêchaient toute circulation des véhicules sur ces tronçons routiers, estimant que ces derniers devraient circuler uniquement sur le Boulevard Patrice Emery Lumumba, où eux ils sont interdits.
Par contre, sur le Boulevard principal, la circulation est restée normale, quoique sans motos. Seuls les véhicules y circulaient, depuis Labotte jusqu’à la frontière.
«Voyez-vous, aujourd’hui il n’y a pas d’embouteillage. Ce sont ces motards qui causent le désordre, et qui finalement conduit aux accidents de circulation. Si cette mesure est maintenue, on peut être sûr qu’il n’y aura que peu, ou pas d’accidents sur cette route,» se réjouit un taximan de Labotte, qui indique avoir eu beaucoup de clients suite à l’absence des motos sur le Boulevard principal. «Nous ne sommes pas favorisés, nous chauffeurs. On nous poursuit aussi pour que nous soyons en règle avec tous les documents de bord. Donc ce n’est pas un cadeau, il y aura bientôt un bouclage pour nous aussi,» ajoute-t-il.
Il sied de noter que la mesure interdisant la circulation des taxis motos et tricycles sur avenue P.E Lumumba de Labotte jusqu’au frontière Ruzizi 1, vise à lutter contre les accidents de circulation. Elle devrait entrer en vigueur depuis le 18 juillet dernier.
A la place de sa mise en application, l’autorité provinciale avait accordé un mois aux motards, afin de leur permettre de s’identifier.
Ces derniers ont donc payé environ 10 dollars [contre un gilet et une carte], pensant que, désormais en ordre, leur interdiction de circuler sur le boulevard n’allait plus être appliquée.
Mais contre leur attente, le Gouvernement provincial a annoncé la veille, que malgré leur identification, les motards ne seront toujours pas autorisés à exercer sur cette voie. Ce qui a suscité leur colère, se demandant l’importance de l’identification s’ils ne seront pas autorisés à exercer normalement.
«C’est une escroquerie pure et simple. Comment le Gouverneur peut nous demander de nous identifier et déclarer par la suite que nous n’allons par conduire sur le Boulevard ? C’est cet axe sur lequel moi je travaille chaque jour. Parfois je fais même un mois sans arriver à Bagira ou à Ciriri. Où est-ce qu’il a prévu qu’on va désormais travailler pour nourrir nos enfants ? Qu’il nous rembourse alors notre argent que nous avons perdu dans cette identification,» tempète un motard rencontré à la Place de l’indépendance.
Pendant ce temps, ce sont des habitants qui habitent dans les quartiers éloignés de la route principale qui sont aussi pénalisés. Alors qu’ils s’y rendaient à moto à 500 ou 1.000 FC, plusieurs habitants des quartiers Ndendere et Nyalukemba paieront désormais une double course en taxi (2.000 FC, voire 5.000 FC) pour atteindre leur destination.
Héritier Bashige, Museza Cikuru